Une partie de la conférence que je prépare sur la Bible est bien sûr la question sur la fiabilité du texte du Nouveau Testament. Un souci pour moi est donner, en peu de temps, une appréciation juste de ce que nous avons dans la tradition manuscrite du Nouveau Testament. Il est possible d’exagérer des deux côtés, soit de donner l’impression que le texte est douteux en générale, soit de donner l’impression que les variantes qui existent n’ont aucune importance. L’idée que j’ai eu pour cette présentation est de donner un exemple concret en faisant la comparaison de deux manuscrits précis sur quelques versets. Parce que je voulais avoir, quand même une variante vraiment significative, j’ai choisi Jean 1.14-18 et les manuscrits de Sinaiticus (4e après J.C.) et Alexandrinus (5e).
Voici les deux manuscrits :
Et voici la comparaison :
Les différences en jaune sont des différence d’orthographe. Alors en Alexandrinus nous avons une forme abrégée du mot patros (père), tandis qu’en Sinaiticus nous avons le mot entier. Et le scribe de Sinaiticus épelait le nom Moïse : Moüsseos, et non Mosseoscomme le scribe d’Alexandrinus.
Les différences en rouge sont des vrais différences au niveau des mots, mais comme vous pouvez voir dans les traductions ci-dessous, la différence de sens apportée par la plupart de ces variantes et vraiment minimale.
Sinaiticus :
(15) Jean témoigne à son sujet et il a crié : celui-ci est celui qui vient après moi. Lui est devenu devant moi (plus grand que moi) parce qu’il était (existait) avant moi.
(16)Parce que, de sa plénitude nous avons tous reçu aussi grâce contre grâce.
(17)Parce que la loi a été donné à travers Moïse. La grâce et la vérité étaient à travers Jésus.
(18) Personne n’a jamais contemplé Dieu ; le Dieu seul-engendré dans le sein du Père, celui-là l’a révélé.
Alexandrinus :
(15) Jean témoigne à son sujet et il a crié, disant : celui-ci est celui dont j’ai dit : celui qui vient après moi est devenu devant moi (plus grand que moi) parce qu’il était (existait) avant moi.
(16) Et, de sa plénitude nous avons tous reçu aussi grâce contre grâce.
(17) Parce que la loi a été donné à travers Moïse. La grâce et la vérité étaient à travers Jésus Christ.
(18) Personne n’a jamais contemplé Dieu ; le Fils seul-engendré qui est dans le sein du Père, celui-là l’a révélé.
Je pense que cet exemple est assez représentatif pour le texte du Nouveau Testament et les variantes qui existent. Elles sont vraiment nombreuses (7 variantes entre deux manuscrits sur 5 versets, sans compter l’orthographe), mais très rare est la variante qui change vraiment le sens du texte. Du coup, pour la grande majorité des variantes il est assez clair quel texte est l’originel une fois qu’on a comparé tous les manuscrits que nous possédons (des centaines pour chaque verset du Nouveau Testament !).