Dans la langue française le mot arche n’est pas habituellement utilisé pour décrire des bateaux. Il y a, à ma connaissance, exactement un bateau qui s’appelle Arche, c’est celui de Noé. De même pour l’arche de l’alliance ; on n’a pas l’habitude d’utiliser le mot arche pour parler des boîtes, quelque soit leur fonction sacrée. Alors, comment arrive-t-il que nos bibles françaises utilisent le mot arche pour parler de ces deux choses qui ne sont pas des arches ?
Le mot hébreu pour le bateau construit par Noé est תֵּבָה (tébah). Ce mot apparait dans la Bible dans deux livres seulement : en Genèse dans l’histoire de Noé, et en Exode où c’est le mot pour la corbeille dans laquelle Moïse flotte sur le Nil. Ce n’est pas, contrairement à nos traductions, le même mot que celui utilisé pour le coffre qui contient les tables des 10 commandements. Ce mot est אֲרוֹן (aron), et il est utilisé presque exclusivement pour l’arche de l’alliance (exceptions : Gn 50.26, 2 R 12.9-10, 2 Chr 24.10-11).
Alors, si ce n’est pas le même mot en hébreu, pourquoi on utilise le même mot en français ? Et pourquoi arche ? La réponse à la première question se trouve dans la Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament faite par les juifs dans les 3e et 2e siècles avant J.C. Là on trouve le même mot grec, κιβωτος (kibotos), qui traduit le tébah de Noé et le aron de l’alliance. Kibotos a le sens de coffre ou boîte. Alors, l’équivalent latin utilisé dans la Vulgate est arca, et c’est ce mot qui est devenu arche en français.
Par contre, le mot arche comme pour un aqueduc a un autre étymologie ; comme arc, il vient de arcus qui porte le même sens que ces mots.