Pouvons-nous baser nos croyances sur la foi ?
« Vous avez la foi, » disent les athées, « alors que nous, nous nous confions dans la science. » Apparemment on est censé considérer qu’il est mieux de baser ses croyances sur la science plutôt que sur la foi. Beaucoup de chrétiens sont essentiellement d’accord avec cela, sauf qu’ils affirment (non sans raison) que les preuves qui soutiennent le christianisme sont plus importantes que celles qui soutiennent l’athéisme. Certains vont même dire qu’un athée a besoin de plus de foi qu’un chrétien !
Qu’est-ce que la foi, alors ? On peut être tenté d’imaginer qu’elle est simplement la capacité à croire des choses sans raison. Bien sûr, si c’est ça la foi, alors moins on en a, mieux c’est. Heureusement cette conception populaire de la foi est complètement erronée. En réalité la foi est un moyen rationnel et essentiel de savoir des choses que nous utilisons tous les jours. La foi n’est rien d’autre que le moyen de savoir des choses sur le témoignage d’un autre. Parfois nous aimons prétendre que nous basons toutes nos connaissances sur des preuves, mais de loin la majeure partie des choses que nous savons sont des choses que nous savons parce qu’on nous les a dit. Mon nom, ma date de naissance, toutes les expériences de ma femme avant notre première rencontre, les planètes du système solaire, les combatants de la seconde guerre mondiale, la capitale des Pays-Bas… Si nous étions obligés de tester chaque affirmation nous-mêmes avant de pouvoir l’accepter, nous saurions très très peu de choses.
C’est vrai que la connaissance qui vient par cette foi, bien qu’essentielle, n’est pas infaillible. La personne qui nous renseigne peut nous transmettre des erreurs, soit parce qu’elle se trompe, soit parce qu’elle ment. La fiabilité des choses apprises dépend de la fiabilité de la personne qui nous les apprend. Mais la foi n’est pas unique à cet égard, parce que tous les moyens que nous avons pour gagner des connaissances ont une possibilité d’erreur.
Il faut maintenant noter que la foi biblique n’est pas identique à cette foi générale, mais elle en est un cas particulier. Alors que la foi générale fait confiance aux autres, la foi biblique fait confiance à Dieu. Prenons l’exemple d’Abraham. Alors qu’il était très âgé, ainsi que sa femme, quand Dieu lui a promis qu’il aurait un fils, « Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice » (Gen 15.6, Rom 4.3). Cette acte de croire la parole de Dieu est appelé par Paul « sa foi » (Rom 4.5). Dieu est digne de toute notre confiance, et une expression essentielle de cette confiance est de tenir tout ce qu’il dit pour vrai, même sans aucune autre confirmation. Selon sa propre intelligence, Abraham n’avait aucune raison d’imaginer qu’il pourrait engendrer un fils, mais quand Dieu le lui dit, il considère que la parole de Dieu est plus fiable que ses propres raisonnements et il croit. Cette confiance en Dieu n’est pas irrationnelle. Par contre, il est la chose la plus rationnelle du monde de reconnaître quand un autre est mieux placer que nous-même pour savoir la vérité. Et bien sûr, Dieu est toujours le mieux placé pour savoir la vérité.
Il y a plein d’éléments de la foi chrétienne qui trouvent quelque confirmation dans la philosophie, la science ou l’histoire. Par exemple, la force des arguments historiques pour la résurrection de Jésus est surprenante. Mais l’histoire a ses limites. Que signifie cette résurrection ainsi que la mort qui l’a précédé ? Aucune science humaine ne peut découvrir que Jésus de Nazareth « a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification » (Rom 4.25). Pour cela, nous n’avons que la parole de Dieu. Et même où il y a des sources extérieures qui confirment l’enseignement biblique, c’est toujours Dieu qui est la source la plus fiable. Il est donc impossible de confesser les doctrines chrétiennes sur des seuls raisonnements humains ; la foi en Dieu est incontournable.
Alors, si nous sommes accusés d’avoir basé nos croyances sur la foi, avouons-le sans embarras. La foi est un don merveilleux de Dieu qui nous sert de remède à l’aveuglement volontaire que nous embrassions autrefois. Ce n’est pas une faiblesse de notre position que nous avons cru la parole du Dieu vivant. C’est plutôt une marque d’humilité et un rejet de l’orgueil du rationalisme qui pousse l’homme à se considérer autosuffisant pour découvrir la réponse à toute question. Mais pour nous, la révélation biblique et la raison humaine se complètent pour former une vision du monde cohérente et satisfaisante. Ceux qui rejètent la première ne gagnent pas la dernière, mais perdent les deux.
Oui, nous pouvons et nous devons baser nos croyances sur la foi.