Quelques observations sur les 144 000
Contre l'interprétation des témoins de Jéhovah
Un contraste entre les 144 000 et la grande foule
Rév 7:1-17
On dit qu’il faut comprendre le chiffre 144 000 littéralement parce qu’il y a un contraste voulu entre ce groupe restreint et la grande foule. Or c’est sûr qu’il y a un contraste, mais c’est plutôt dû au fait que les 144 000 sont les « fils d’Israël » (7:4) alors que la grande foule représente toute nation, toute tribu, tout peuple, et toute langue. Si quelqu’un voulait voir, donc, dans ce chapitre une vision des croyants juifs d’un côté et des croyants non-juifs de l’autre, c’est peut-être plausible. Mais ce n’est pas ça l’interprétation de la tour de garde.
Le fait qu’il y a un contraste entre les « deux groupes » n’est pas une indication que ce n’est pas en fin de compte le même groupe. Il y a un fort contraste entre le symbole du lion (5:5) et celui de l’agneau (5:6), mais tous les deux reviennent à la même réalité : Jésus. Du coup, Jean ne voit pas deux groupes ! Il entend le nombre de ceux qui sont scellés, et puis il voit un groupe de personnes rachetés. Sinon pour les différences apparentes, toute indication textuelle et que Jean voit en verset 9 les personnes dont il a entendu parler dans les versets 3-8. L’interprétation la plus appropriée est de voir que le chiffre 144 000 et le fait que ces gens sont tirés des 12 tribus d’Israël sont des expressions symboliques du fait que c’est le peuple de Dieu dans sa plénitude parfaite.
Les prémices
Rev 14:1-5
Un autre argument qui est avancé en faveur de l’idée que les 144 000 sont une partie seulement de ceux qui sont rachetés est fondé sur le mot prémices utilisé à Rev 14:4 :
L’expression “premiers fruits” se rapporte à une petite quantité représentative. Ce mot est approprié pour décrire ceux qui régneront dans le ciel avec Christ, sur un nombre indéterminé de sujets terrestres.
C’est vrai qu’on parle ici d’une portion représentative d’un plus grand groupe, mais on n’a pas besoin de spéculer que ce plus grand groupe est tous les chrétiens. Jean lui-même nous dit que c’est l’humanité tout entier : « Ils ont été rachetés d’entre les hommes, comme des prémices pour Dieu et pour l’agneau » (Rev 14:4). Dans la loi de l’Ancien Testament, les prémices sont la partie de la récolte qui appartient à Dieu (et qui est donnée ensuite aux lévites, Ex 23:19, Dt 18:4). Les 144 000 sont alors la partie de l’humanité qui appartient à Dieu, c’est à dire, tous les croyants.
Ceux qui ne sont pas scellés ne font pas partie du peuple de Dieu
Il leur fut dit de ne point faire de mal à l’herbe de la terre, ni à aucune verdure, ni à aucun arbre, mais seulement aux hommes qui n’avaient pas le sceau de Dieu sur le front.
Rev 9:4
Ce verset pose un problème sérieux pour les interprètes qui pensent qu’il y a des vrais croyants qui ne font pas partie de 144 000 scellés. En ce cas, ces croyants tomberont sous le jugement de Dieu avec les non-croyants. Mais c’est impossible. La distinction ici, comme en Exode 11:7, est entre le peuple de Dieu (dans sa totalité !) et la masse de l’humanité rebelle.
Ainsi il est utile de remarquer que le sceau de Dieu est imité par le diable avec la marque de la bête (Rev 13:16-17 cf. 14:9-11, 16:2, 19:20, 20:4). Toute l’humanité est divisée en deux groupes : ceux qui appartiennent à Dieu, qui portent son sceau, et ceux qui appartiennent à la bête et portent sa marque. Il n’y aucune indication d’un troisième groupe qui n’est ni scellé, ni marqué.
La grande foule devant le trône
La distinction prétendue entre les 144 000 et la grande foule est que les premiers ont leur destin au ciel alors les derniers resteront sur la terre. C’est une affirmation étonnante, parce qu’il suffit de lire le texte pour voir que la grande foule se trouve non pas sur la terre, mais devant le trône de Dieu qui est, sans surprise, au ciel (Rev 4:2, mais cf. Rev 21:2-3, 22:3 où le trône descend sur terre avec la nouvelle Jérusalem).
Après cela, je regardai et je vis une foule immense que personne ne pouvait compter. C’étaient des hommes de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’Agneau, habillés de robes blanches, des feuilles de palmiers à la main,
[…]
C’est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône les abritera sous sa tente. Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur brûlante. En effet, l’Agneau qui est au milieu du trône prendra soin d’eux et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux.
Rev 7:9-17
Des éléments dans cette description sont repris en Rev 21:3-4 et notamment en 22:3-5 :
Il n’y aura plus de malédiction. Le trône de Dieu et de l’Agneau sera dans la ville ; ses serviteurs lui rendront un culte. Ils verront son visage et son nom sera sur leur front. Il n’y aura plus de nuit et ils n’auront besoin ni de la lumière d’une lampe ni de celle du soleil, parce que le Seigneur Dieu les éclairera. Et ils régneront aux siècles des siècles.
On est dans la nouvelle Jérusalem qui est descendue depuis le ciel (3:12, 21:2, 10). Son peuple est décrit comme les serviteurs devant le trône, ce qui reprend la description de la grande foule en 7:15 comme ceux se tiennent devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit. Au même temps, ils portent le nom de Dieu sur leur front comme les 144 000. (7:3, 14:1 cf. 3:12, 13:17). Et c’est ces serviteurs qui règneront à jamais avec Christ. Cette espérance n’est pas réservée à une portion minuscule de ceux qui ont placé leur confiance en Christ, mais c’est l’héritage de tous ceux qui viennent à lui.
Puis il me montra le fleuve d’eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l’Agneau. […] Que celui qui a soif vienne ! Que celui qui veut de l’eau de la vie la prenne gratuitement !
Rev 22:1, 17