Dans le roman de Jules Verne, Le Tour du Monde en 80 Jours, il y a un moment extraordinaire où les héros sont en train de croiser les États-Unis en train et (comme cela arrive souvent en Amérique) le train est attaqué par des indiens. Une fois les indiens repoussés, on remarque que quelques passagers manquent, y compris Passepartout, le domestique de Phileas Fogg. Face au choix de poursuivre sa route pour s’assurer de ne pas perdre l’énorme somme pari sur ce voyage, ou de poursuivre les indiens à la recherche de son domestique, Fogg n’hésite pas. La loyauté envers son serviteur l’emporte de loin sur les vingt mille livres et la ruine financière.
Cette épisode illustre la différence la plus frappante pour moi entre Allah dans le Coran et le Dieu de la Bible. Le Dieu d’Israël est un Dieu qui est loyal envers des individus et des familles bien qu’il soit leur maître et leur seigneur. Il est le Dieu qui fait alliance avec ses créatures, se liant lui-même par des serments d’accomplir ses promesses de bénédiction. Et il n’attend pas que les hommes viennent vers lui ; c’est lui qui vient nous chercher pour nous sauver et pour nous restaurer à lui.
C’est cette loyauté qui me manquait quand j’ai lu le Coran. Il me semblait qu’Allah était présenté plutôt comme un juge détaché qui répond mécaniquement à la performance des hommes, récompensant ceux qui ont fait plus de bien que de mal, et punissant les autres. Il ne fait aucune promesse inconditionnelle aux hommes jusqu’au point où, selon les Hadiths (traditions islamiques), Mahomet lui-même ne savait pas s’il allait au ciel ou non1, parce qu’il avait toujours la possibilité de déplaire à son Dieu et d’être rejeté.
D’un point de vue humain, le Dieu du Coran est très rationnel. Il donne la révélation à ses créatures, et puis c’est à eux de suivre ou non la voie qu’il leur a montré. Ceux qui font le bien lui plaisent (tant qu’ils persévèrent), et ceux qui font le mal tombent sous sa colère. Il est juste envers les hommes qui sont ses créatures et ses serviteurs, mais jamais il ne les appellera « amis », encore moins « fils ».
Le Dieu de la Bible par contre, ne se conforme pas à nos sensibilités de justice rationnelle. Il n’est pas le Dieu de l’arrière-plan, qui veille de loin jusqu’au jour de jugement. Dieu est le personnage principal, le Père de ses enfants et même l’Époux de son peuple, son épouse. Elle peut le tromper, mais il reste fidèle jusqu’au bout, et c’est lui qui la sauve de ses propres péchés, même s’il faut qu’il en porte le poids lui-même… C’est ainsi que Phileas Fogg est un type de Christ, le maître qui sert son serviteur et qui est prêt à tout sacrifier pour son bienfait. C’est par cette loyauté même et son amour infaillible que le Dieu d’Israël se montre le vrai Dieu inimitable qui dépasse de loin l’imagination humaine.
Qui est comparable à l’Eternel notre Dieu ? Il a sa demeure dans les lieux très-hauts, mais il s’abaisse pour voir le ciel et la terre. Il arrache à la poussière l’homme misérable, il relève l’indigent et le tire de la boue pour le faire asseoir parmi les notables, les notables de son peuple. Il installe en sa maison la femme stérile, et elle y connaît la joie d’être mère de nombreux enfants. Louez l’Eternel ! Psaume 113.5-9