I. Introduction
Si c’est l’évangile qui est « la puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16), quel est le destin de ceux qui meurent sans jamais l’avoir entendu ? Devons-nous comprendre qu’ils sont tous perdus ? Ou est-ce que Dieu aurait prévu une autre manière de salut pour ceux-ci ?
Une réponse à cette question se trouve dans La Dernière Bataille de C.S. Lewis, la conclusion des Chroniques de Narnia. Emeth, un fidèle du dieu Tash, raconte le moment où il s’est trouvé face à face avec Aslan, et contrairement à son attente, il a été accueilli par le lion :
"Hélas, seigneur, je ne suis pas un de tes fils, mais le serviteur de Tash." Il répliqua: "Mon enfant, tout le culte que tu as rendu à Tash, je le compte comme un culte qui m'a été rendu à moi." Alors, du fait de mon grand désir de sagesse et de compréhension des choses, je surmontai ma crainte pour questionner le Tout-Glorieux : "Seigneur, est-il donc vrai que, comme le disait le singe, toi et Tash n'êtes qu'une seule et même personne?" Le Lion grogna si fort que la terre trembla (mais sa colère n'était pas dirigée contre moi) : "C'est faux. Non parce que lui et moi ne sommes qu'un, mais parce que nous sommes opposés, je prends pour moi le culte que tu lui as rendu. Car lui et moi sommes d'une espèce si différente qu'aucun culte qui soit vil ne saurait m'être rendu, et qu'aucun culte qui ne soit pas vil ne peut lui être rendu. Par conséquent, si un homme, quel qu'il soit, jure par le nom de Tash et tient sa parole par respect de la parole donnée, c'est par moi qu'il a juré en vérité, bien qu'il ne le sache pas, et c'est moi qui le lui revaudrai. Et si un homme, quel qu'il soit, commet une cruauté en mon nom alors, bien qu'il prononce le nom d'Aslan, c'est Tash qu'il sert et c'est Tash qui reçoit le don de son méfait. Est-ce que tu comprends, mon enfant?" Je répondis: "Seigneur, tu sais bien à quel point je te comprends." Mais j'ajoutai, car j'y étais contraint par un souci de vérité: "Pourtant, j'ai passé tous les jours de ma vie à chercher Tash." "Mon bien-aimé, me dit le Tout-Glorieux, si ton désir n'avait pas été pour moi, tu n'aurais pas cherché si longtemps ni avec une telle sincérité. Car tous finissent par trouver ce qu'ils cherchent vraiment1."
L’idée exprimée par Lewis est l’inclusivisme, c’est à dire que les gens peuvent être sauvés par Christ même sans le connaître. Parce qu’Emeth cherchait honnêtement le vrai Dieu, il appartenait véritablement à Aslan malgré le fait qu’il adorait Tash. Comme Lewis expique dans Les Fondements du christianisme :
Dans d'autres religions, on trouve des gens que l'influence secrète de Dieu amène à réfléchir sur les aspects de leur religion qui s'accordent avec le christianisme ; on peut estimer qu'ils appartiennent au Christ sans le savoir. Par exemple, un bouddhiste de bonne volonté peut être conduit à se concentrer de plus en plus sur la miséricorde et à reléguer à l'arrière-plan (bien qu'il puisse encore y croire) l'enseignement bouddhique sur certains autres points. Bon nombre de païens honnêtes peuvent s'être trouvés dans ce cas bien avant la naissance du Christ2.
Cette perspective est avancée aussi par des théologiens comme Augustus Strong3, et elle se trouve dans les documents du concile Vatican II. Par exemple :
À ceux-là mêmes qui, sans faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se trouver de bon et de vrai, l’Église le considère comme une préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie4.
Une exposition et défense de cette doctrine, plus détaillées et d’une perspective évangélique se trouvent dans les écrits de Clark Pinnock, notamment dans A Wideness in God’s Mercy5.
II. Les thèses de Pinnock
II.A : Des gens sont sauvés hors de foi consciente en Jésus
En réponse à la question posée dans l’introduction, celle du destin de ceux qui n’entendront pas l’évangile, la réponse de Clark Pinnock est claire : « Dieu a été à l'œuvre pour sauver des êtres humains avant la naissance de Jésus et il le fait là où Jésus n'a pas été nommé6. »
Ce salut pour les gens qui ne connaissent pas le nom de Jésus, est quand même grâce a lui. C’est à dire que Pinnock refuse le relativisme qui dit que toutes les religions sont également valables. Pour Pinnock, le salut est exclusivement en Jésus, mais il n’est pas limité aux personnes qui ont entendu (pendant leur vie) l’évangile.
Tout le monde doit finalement passer par Jésus pour atteindre le Père, mais il y a plus d'un chemin pour arriver à ce lieu. [...] On peut arriver à ce lieu à partir de nombreux points cardinaux. Tous les chemins qui mènent à Dieu aboutissent à Jésus, mais ils ne partent pas tous de lui7.
Il présente sa perspective comme une amélioration de la théologie traditionnelle, une perspective qui est plus ouverte et plus optimiste.
Nous devons affronter les traditions mesquines de certaines variétés de théologie conservatrice qui présentent Dieu comme radin et qui excluent un grand nombre de personnes sans aucune hésitation. Ce sombre pessimisme est contraire à l'Écriture et à la raison. […] Quel genre de Dieu enverrait-il en enfer un grand nombre d'hommes, de femmes et d'enfants qui n’ont pas eu la moindre possibilité de répondre à sa vérité8 ?
Pour Pinnock, l’enjeu central est l’équité de Dieu. Il considère qu’il serait injuste de la part de Dieu d’exclure de son salut les gens qui n’ont pas eu d’opportunité d’entendre l’évangile. Ainsi son raisonnement se sert constamment de petites phrases comme « les groupes entiers de personnes exclus du salut9, » « malchanceux10, » « sans faute de leur part11, » « une peine pour ceux qui ont vécu trop tot12, » etc. Tout le monde doit avoir une opportunité pour être sauvé, et comme tout le monde n’entend pas l’évangile pendant sa vie, il doit exister un autre moyen de salut pour ces personnes.
II.B : Le salut est possible grâce à la révélation générale et l’œuvre de l’Esprit dans le monde entier.
Pinnock affirme que les gens qui font bon usage de la révélation de Dieu dans la création peuvent être sauvés par leur foi dans cette révélation. C’est ce qu’il appelle « le principe de la foi13. »
Selon la Bible, les gens sont sauvés par la foi, et non par le contenu de leur théologie. Puisque Dieu n'a laissé personne sans témoin, les gens sont jugés sur la base de la lumière qu'ils ont reçue et de la manière dont ils ont répondu à cette lumière. […] Une personne est sauvée par la foi, même si le contenu de sa croyance est déficient (et qui peut dire que le sien ne l’est pas ?)14.
Il distingue donc entre le salut et « le salut messianique. » Il cite l’exemple de Corneille (Ac 10), et affirme que même avant d’avoir entendu Pierre :
Il était déjà croyant et n'était pas sur la route vers l'enfer. Il est vrai qu'il avait besoin de devenir chrétien pour recevoir le salut messianique, y compris l'assurance et le Saint-Esprit, mais pas pour être sauvé de l'enfer15.
Alors, il y a des bienfaits pour ceux qui connaissent Jésus consciemment, mais il est possible d’être sauvé de l’enfer sans cette connaissance.
Avec la révélation générale, il y a aussi le Saint Esprit qui est actif partout dans le monde pour attirer les gens vers Dieu.
Dans l'économie de Dieu, l'Esprit n'est contrôlé par personne, mais il est libre de faire grâce à n'importe quelle personne ou n'importe quel sphère, même si elle est éloignée des frontières actuelles de l'Église. […] Le monde est l'arène de la présence de Dieu, et l'Esprit frappe à la porte de chaque cœur humain. […] Aucun peuple n'est totalement dépourvu d'inspiration, lorsque Dieu s'efforce de ramener le prodigue à la maison.16
L’influence de l’Esprit est nécessaire pour donner aux hommes la possibilité de chercher Dieu17, et l’Esprit est activement à l’œuvre, donnant la grâce prévenante, en toute indépendance de l’annonce de l’évangile, là où elle n’existe pas encore.
II.C : Le rôle mitigé des religions non-chrétiennes
Une des voies par laquelle l’Esprit est actif dans le monde en dehors de l’Église est dans les religions non-chrétiennes. Pinnock n’approuve pas catégoriquement les autres religions18, mais il affirme que : « Il y a suffisamment de vérité dans la plupart des religions pour que les gens s'en saisissent et s'en remettent à la miséricorde de Dieu19. » Et il encourage une « véritable ouverture à la vérité et à la bonté présentes dans les autres religions20. »
III : Quelques éléments de sotériologie biblique
La raison pour laquelle la proposition de Pinnock est minoritaire dans l’histoire de la dogmatique n’est pas les quelques « textes-preuves » qui la contredisent, mais le fait qu’elle va à l’encontre de toute la structure de la sotériologie enseignée dans la Bible. La Bible décrit en grand détail la façon dont Dieu sauve les hommes, et l’idée de l’inclusivisme est aux antipodes de ce qui y est exposé.
III.A : L’homme déchu
Il n’est pas possible de comprendre le salut en Jésus Christ sans comprendre la situation de l’homme qui nécessite ce salut. Depuis la chute d’Adam, tout être-humain a une nature qui tend vers le péché et fuit Dieu. Dieu constate lors du déluge que « les hommes commettaient beaucoup de mal sur la terre et que toutes les pensées de leur cœur se portaient constamment et uniquement vers le mal » (Gn 6.5). À travers Jérémie, il révèle : « Le cœur est tortueux plus que tout, et il est incurable. Qui peut le connaître ? » (Jr 17.9). Selon Paul, avant de connaître Christ les gens sont des esclaves du péché (Rm 6.17, cf. Jn 8.34) et même morts dans le péché (Ép 2.1). Alors,
Il n’y a point de juste,
Pas même un seul ;
Nul n’est intelligent,
Nul ne cherche Dieu;
Tous sont égarés, tous sont pervertis (Rm 3.10-11).
Cette perversité d’esprit qui afflige chaque membre de la race humaine rend l’homme insensible à toute révélation de Dieu. Face à la démonstration des attributs de Dieu dans les œuvres de ses mains (Rm 1.20), les enfants d’Adam « retiennent injustement la vérité captive » (1.18) et, refusant de glorifier Dieu (1.21), « ils [s’égarent] dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence [est] plongé dans les ténèbres » (1.21). Même l’annonce de l’évangile de Jésus Christ est rejetée par l’homme naturel parce que « la parole de la croix est folie pour ceux qui sont en train de périr » (1 Co 1.18). Il ne faut pas imaginer qu’il y a ici et là les gens de bon cœur qui ont simplement besoin d’un peu de direction pour se réconcilier à Dieu. Sans le changement de cœur fondamental de la nouvelle naissance, personne ne cherche Dieu qu’il soit sur une île isolée ou qu’il passe tous ses dimanches parmi les bancs de l’Église. Le salut n’est pas la récompense pour ceux qui ont cherché Dieu honnêtement, mais une grâce imméritée pour des rebelles obstinés.
III.B : Ordo salutis
La bonne nouvelle de l’évangile de Jésus Christ est que Dieu ne laisse pas toute l’humanité dans cette condition déchue, mais il est en train de constituer une nouvelle humanité d’hommes restaurés en Christ. Cette restauration, par laquelle un ennemi de Dieu mort dans ses péchés devient un fils de Dieu glorifié, passe par plusieurs étapes dont Paul évoque quelques-unes en Romains 8.29-30
Car ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
Ce processus est ce que les théologiens appellent l’ordo salutis, l’ordre de salut. Parmi ses étapes qui sont enseignées dans le Nouveau Testament se trouvent l’élection, la vocation ou la régénération, et la justification par la foi.
III.B.1 : L’élection.
« En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (Ép 1.4).
L’origine du salut d’un individu se situe bien avant sa naissance dans la volonté du Père, fixée même avant son œuvre de création. Tout le processus de la restauration de cet individu, étendu dans le temps et l’espace, est l’accomplissement de cette intention de Dieu qui précède tout.
Cette doctrine est souvent refusée par des chrétiens qui sont attachés à une certaine conception du libre arbitre, mais la prédestination est pleinement assumée par la révélation biblique. Les croyants sont prédestinés (Ac 13.48, Ro 8.29, Ép 1.5, 11), et choisis (Mt 24.31, 1 Co 1.27-28, Ép 1.4, 2 Tm 2.10, Jc 2.5, 1 Pi 2.9), non pas à cause de leurs qualités (Ro 9.11, 1 Co 1.26), mais pour glorifier Dieu en confondant l’orgueil humain (Mt 11.25, Ro 9.11, 1 Co 1.27-29). Ils appartiennent à Jésus même avant de le connaître (Ac 18.10, Jn 10.16, cf. Jn 10.26), parce que le Père les donne au Fils (Jn 6.37, 10.29), et il les attire effectivement à lui pour être sauvé (Jn 6.44, 10.27). Comme Dieu est souverain sur tout ce qui se passe dans sa création (Ps 33.10-11, 115.3, Prv 16.33, 21.1, Mt 10.29, Ac 4.28, Ro 8.28, Ép 1.11), il est souverain sur le salut (Ac 16.14, Ph 1.29), ainsi que sur l’incrédulité (Jn 17.12, 1 Pi 2.8).
Comme Dieu est en train de sauver un peuple particulier qu’il a lui-même choisi dans la liberté de sa grâce, les accidents de l’histoire et de la géographie qui troublent Pinnock n’existent pas21. Chaque être-humain créé par Dieu naît et meure à un moment et à un lieu précisément fixés par Dieu selon son plan pour l’histoire. Il est tout à fait dans son pouvoir de distribuer ses élus dans le temps et dans l’espace de manière à ce qu’ils entendent tous l’évangile. Ou bien, pour dire la même chose autrement, Dieu est capable d’assurer que l’annonce de son salut atteint chacun des ses élus là où il a décidé de les placer.
Il vaut la peine ici de considérer quelques objections possibles. Certains peuvent dire que c’est arrogant pour les chrétiens de penser qu’ils sont les élus de Dieu alors que les autres ne le sont pas. Mais la Bible est claire que l’élection de Dieu n’a rien a faire avec les qualités des personnes élues (les textes bibliques donne plutôt l’impression que Dieu fait exprès de choisir les moins qualifiés : Mt 11.25, 1 Co 1.27-29). La compréhension biblique de l’élection est plutôt un sujet d’humilité pour les élus parce qu’ils savent qu’ils ne sont meilleurs en aucune manière que les non-élus, mais ils bénéficient d’une grâce totalement imméritée.
Une autre objection possible est que Dieu fait preuve de partialité puisque les élus ne sont tirés que de certains peuples où l’évangile est prêché. C’est vrai que, dans toute période de l’histoire du monde, il n’y a eu que certaines régions où on pouvait trouver la lumière de l’évangile. Mais il ne faut pas en conclure que Dieu sauvera les gens des autres regions par une autre manière, parce que la Bible annonce l’intention de Dieu que son évangile soit prêché à chaque nation et à chaque tribu de la terre (Mt 24.14, Ac 1.8), ce qui aura pour effet que les saints glorifiés proviendront de chaque peuple du monde (Dn 7.14, Ap 7.9). Pour certains peuples que reçoivent l’évangile tard dans l’histoire, il arrivera que tous leurs saints seront de cette dernière période de l’histoire, mais Dieu peut choisir de les sauver en grand nombre une fois que la lumière arrive chez eux22. Les saints des autres peuples seront plus étendus dans le temps, ou pour certains peuples plus concentrés dans les premiers siècles de l’Église. En tout cas, le Dieu qui ne connait pas de favoritisme n’est obligé ni de sauver beaucoup dans certaines nations parce que l’évangile y est prêché depuis longtemps, ni d’assurer que chaque peuple du monde est représenté proportionnellement parmi les saints. Dieu ne doit le salut à personne, mais dans sa grande miséricorde il a prédestiné Jésus d’être une bénédiction pour toutes les nations de la terre (Gn 12.3).
III.B.2 : La vocation
« Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés » (Ro 8.30).
La vocation ou l’appel des croyants est souvent évoqué dans le Nouveau Testament. Les chrétiens sont, selon le texte, appelés à appartenir à Christ (Ro 1.6), appelés à être saints (Ro 1.7, 1 Co 1.2), appelés selon le dessein de Dieu (Ro 8.28), appelés hors des ténèbres dans la lumière (1 Pi 2.9), ou tout simplement appelés (Ro 9.24, 1 Co 1.24, 1 Pi 1.15, Jd 1, Ap 17.14).
Dans ces exemples, ceux qui sont appelés sont effectivement sauvés mais le mot appeler peut aussi faire référence à l’annonce générale de l’évangile. C’est selon ce cens que les gens sont appelés aux noces dans la parabole de Jésus (Mt 22.8), et que « beaucoup sont appelés, mais peu sont choisis » (Mt 22.14). Les théologiens tel Charles Hodge distinguent alors entre l’appel externe qui est l’annonce de l’évangile, et l’appel interne qui est une œuvre du Saint Esprit qui effectue l’union salvatrice avec Christ23. L’appel interne est une étape essentielle au salut comme, selon Romains 8.30, tous ceux qui sont prédestinés sont aussi appelés. Cette distinction faite, le fait que les deux concepts se trouve sous le même nom dans l’Écriture indique le lien étroit entre les deux. L’association suggère que l’appel interne n’arrive pas indépendamment de l’appel externe, mais que le deuxième fournit l’occasion pour le premier, comme dans le cas de Lydie : « Le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul » (Ac 16.14). Le travail interne du Saint Esprit rend l’appel externe de Paul, non superflu, mais efficace. De même, quand Paul dit, « Que chacun demeure dans l’état où il était lorsqu’il a été appelé, » (1 Co 7.20, cf. 1.26), de quoi parle-t-il sinon le moment dans la vie du chaque croyant corinthien où il a entendu l’évangile et y a répondu favorablement grâce à l’influence du Saint Esprit ?
Jésus lui-même expose sa théologie de l’élection et de la vocation en Jean 6 où les élus sont « ceux que le Père m’a donné » (v. 37, 39), et la vocation est l’action du Père « d’attirer » au Fils (v. 44) ceux qu’il lui donne. Ainsi Jésus affirme que : « Tous ceux que mon Père me donne viendront à moi » (v. 37). Il n’y a pas donc de gens qui sont élus au salut par le Père qui ne viennent pas à Jésus. L’appel qui sauve est l’attraction vers le Fils opérée par le Père. Sans ce mouvement vers Jésus, il n’est pas possible de dire que quelqu’un a été donné au Fils par le Père.
III.B.3 : La régénération
« Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jn 3.3).
Une autre image pour l’appel interne donné dans le Nouveau Testament est la régénération ou la nouvelle naissance24. C’est cette naissance spirituelle qui rend une personne spirituelle (Jn 3.6), c’est à dire, un enfant de Dieu (Jn 1.12-13) capable d’accepter les vérités spirituelles (1 Co 2.13-14) et de faire les choses qui plaisent à Dieu (Ro 8.4-5, cf. Jr 31.33, Éz 36.26-27).
Cette œuvre de l’Esprit n’est pas quelque chose qui tombe du ciel indépendamment de l’annonce de l’évangile. Comme l’exemple de Lydie le montre bien, l’Esprit produit la nouvelle naissance en association avec l’annonce de l’évangile. C’est pour cette raison que Pierre dit que la nouvelle naissance est effectuée par la Parole :
Vous êtes en effet nés de nouveau, non pas d’une semence périssable, mais d’une semence impérissable, par la parole vivante et permanente de Dieu. […] Cette parole, c’est la bonne nouvelle qui vous a été annoncée (1 Pi 1.23-25).
Jacques dit pareillement : « Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures » (Jc 1.18).
Cette manière de parler de la naissance spirituelle par la parole rejoint une autre affirmation du Nouveau Testament que c’est la parole de l’évangile qui est « la puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16, cf. 1 Co 1.18)25. Quand Paul, Jacques, et Pierre s’accordent pour attribuer la nouvelle naissance et la puissance du salut à la parole de l’évangile, ils communiquent assez clairement qu’ils n’ont pas l’idée que l’on peut être sauvé sans cette parole.
III.B.4 : La justification par la foi
« Abram eut confiance en l’Éternel, qui le lui imputa à justice » (Gn 15.6).
Ceux qui sont prédestinés et appelés en Rm 8.30 sont aussi justifiés. Selon Paul, quand Dieu justifie une personne, il ne lui impute pas ses péchés (Ro 4.8), mais il lui impute la justice (Ro 4.4) ; il la considère comme juste parce qu’elle est en Christ. Cette justification n’est pas obtenue par les œuvres, mais par la foi (Ro 4.3-5, Ép 2.8-9).
L’exemple de la foi qui sert comme prototype pour le croyant en Romains 4 est celle d’Abraham qui croit26 la promesse que Dieu lui fait :
Il le mena dehors et dit : Contemple donc le ciel et compte les étoiles, si tu peux les compter. Il ajouta : Telle sera ta descendance. Abram crut en l’Éternel qui le lui compta comme justice (Gn 15.5-6).
Cette exemple démontre plusieurs caractéristiques de la foi salvatrice. Premièrement, la foi est une réponse consciente à une promesse de Dieu. La foi d’Abraham était de croire la promesse de Dieu concernant sa descendance, et la foi du chrétien est de croire les promesses de l’évangile du pardon des péchés et de la réconciliation avec Dieu.
Deuxièmement, la foi a un élément d’assentiment intellectuel. Abraham tient pour vrai ce que Dieu vient de dire, le fait qu’Abraham aura une descendance nombreuse. De même, le chrétien accepte la vérité du contenu de l’évangile, notamment que Christ est mort pour nos péchés et ressuscité le troisième jour.
Troisièmement, la foi a un élément de confiance. Il y a un lien naturel entre cet élément et le précédent. Si je fais confiance à quelqu’un, je vais accepter sa parole comme vraie. Alors, Abraham fait confiance à Dieu en considérant que ce que Dieu dit est vrai, même s’il semble impossible. De plus, la foi d’Abraham fait confiance à Dieu en ce qu’Abraham fait reposer son espérance pour l’accomplissement de la promesse en Dieu seul. C’est de Dieu qu’Abraham espère recevoir cette descendance nombreuse. Pour sa part le chrétien fait confiance à Dieu premièrement en tenant la parole de Dieu pour vraie et deuxièmement en plaçant son espérance de salut en Dieu seul.
Le Nouveau Testament utilise aussi les analogies de la vision et de la connaissance pour décrire la foi des croyants. Les pharisiens qui rejettent Jésus sont aveugles (Jn 9.39-41) mais pour les croyants à Corinthe Dieu « a fait briller la lumière dans [leurs] cœurs » pour qu’ils voient « la gloire de Dieu sur la face de Christ » (2 Co 4.6). Et Jésus affirme que : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jn 17.3). La foi biblique n’est pas une disposition de croire dans l’absence de lumière. La foi qui justifie est la foi qui voit Jésus et qui le connait.
III.C : Unio cum christo
L’une des descriptions pour les croyants la plus répandue chez Paul est la petite phrase « en Christ. » C’est en Christ que le croyant est baptisé parce c’est en union avec Christ qu’il est mort au péché (Rm 6.3-4), et c’est en Christ qu’il revivra (1 Co 15.22). L’Église est le corps même de Christ, unie à lui vitalement (Ép 4.15-16) ainsi que juridiquement (Rm 5.19). Sans cette union avec Christ, il n’y a ni pardon de péchés ne vie spirituelle. Alors, si les gens peuvent être sauvés sans connaître Christ, il faut argumenter que les gens peuvent être unis à Christ sans le savoir, ce qui est une idée étrangère aux écrits de Paul.
IV : Analyse critique des arguments de Pinnock
IV.A Un argument contre l’inclusivisme qui ne tient pas
Un argument souvent répété contre l’inclusivisme est que cette position saperait la motivation de l’Église pour accomplir sa mission de l’évangélisation du monde. Pinnock semble considérer que cet argument a du poids, et il prend la peine d’y répondre en détail27. Toutefois, cette objection n’est pas bonne, et elle ne devrait pas avoir de place dans une critique de l’inclusivisme.
Il n’est pas une conséquence logique de l’inclusivisme que l’Église ne devrait pas poursuivre sa mission d’évangélisation. Si Dieu choisissait de sauver certains hors de la prédication de l’évangile, cela n’annulerait pas la commande explicite du Christ de prêcher cet évangile, ni empêcherait Dieu de sauver à travers cette prédication.
Il est possible qu’une acceptation générale de l’inclusivisme dans l’Église aurait (voire a déjà) un effet néfaste sur la motivation de l’Église pour sa mission, mais cette éventualité ne devrait pas entrer en compte. La véracité d’une idée n’est pas déterminée par ce que les gens en font à tort ou à raison. Si l’inclusivisme est vrai, il est vrai quelque soient les conséquences, et si c’est faux, il resterait faux même si il motivait davantage l’Église pour sa mission. Une critique valide de l’inclusivisme évaluera cette théologie selon sa conformité à la Parole de Dieu.
IV.B : La justice de Dieu
Dans son essence, l’argumentation de Pinnock se réduit à un seul argument : qu’il ne serait pas juste pour les gens d’être condamnés s’il n’ont pas eu l’opportunité de répondre à l’évangile. Pour Pinnock, cette idée est une conviction primordiale qui détermine la façon dont il lit les écritures. Ainsi, le refus de l’inclusivisme et traité constamment des epithets comme « sévère », « étroit », et « pessimiste. »
Cette façon d’argumenter n’est guère biblique. Si Dieu avait choisi de sauver un seul homme, cela aurait été un miracle étonnant et glorieux qui aurait suscité le louange et l’adoration des milliers d’anges pendant les siècles des siècles. Dans les faits, Dieu a choisi de sauver « une foule immense que personne ne [peut] compter » (Ap 7.9) non pas parce que Dieu devait sauver un grand nombre afin d’être juste, mais parce que sa miséricorde a surabondé malgré la profonde méchanceté de chaque membre de la race humaine. Il n’est pas nécessaire d’imaginer que toute cette foule sera sauvée hors de la connaissance de la bonne nouvelle de Jésus, quand tout le témoignage biblique nous amène à comprendre que cela se passera à travers l’annonce de cette bonne nouvelle.
Il ne faut pas imaginer que Dieu s’assoit au ciel, frustré par le manque d’énergie pour l’évangélisation de la part de son Église. C’est vrai que nous sommes coupables de paresse et d’un manque de zèle pour prêcher l’évangile à toute créature, mais Dieu n’est pas contraint par la petitesse de notre esprit. Le Dieu qui conduit l’histoire du monde entier sait mobiliser son Église pour atteindre tous les siens, que ce soit dans l’envoie d’une équipe missionnaire à un peuple éloigné, où dans le fait qu’un chrétien « ordinaire » trouve, tout d’un coup, l’audace de partager sa foi avec un collègue.
IV.C : L’analogie au salut des enfants en bas-age.
L’un des arguments de Pinnock est que ceux qui admettent la possibilité du salut des enfants qui meurent en bas-âge ont déjà accepté le principe essentiel de l’inclusivisme. Si les bébés peuvent être sauvés sans avoir consciemment accepté l’évangile, pourquoi pas d’autres personnes ?
Bien qu’il y ait une certaine similarité entre les deux cas, les differences entre un bébé et un adulte non-évangélisé restent importantes. Tout ce que Pinnock expose dans son livre sur la révélation générale, la lumière dans les autres religions, les gens qui cherchent Dieu, tout cela n’a rien à faire avec le nourrisson. Les affirmations de Pinnock ne découlent pas logiquement de l’idée du salut de petits enfants. De plus, la logique de Romains 1-3 qui établit la culpabilité de toute personne qu’elle soit juive ou grecque ne s’applique pas clairement à ceux qui ne sont pas encore capables de bénéficier de la révélation générale.
Le simple fait est que la Bible reste entièrement silencieuse, ou presque, sur la question du salut des bébés. Il est une erreur herméneutique donc de raisonner à partir des conclusions sur cette question pour répondre à des questions qui sont plus clairement traitées dans l’Écriture.
IV.D : Les exemples bibliques
Le raisonnement biblique de Pinnock se limite presque entièrement à des exemples dans la Bible des personnes qui ont été sauvées sans connaître le nom de Jésus. En premier lieu il y a tous les saints du peuple de Dieu qui ont vécu avant Christ et qui ne l’ont pas connu. Puis il y a ceux qu’il appelle les « saints païens » qui incluent Melchisédek, Abimélec (roi de Guérar), et Corneille. Melchisédek est un prêtre païen qui adore El-elyon et qui bénit Abraham par son Dieu. Abraham accepte cette bénédiction et offre le dîme à Melchisédek, considérant que le culte de Melchisédek est valide et que son El-elyon est le même que Yahwé28. Abimélec aussi est un roi rencontré par Abraham dans un pays où Abraham présume qu’il n’y a pas de craint de Dieu. Mais Abraham « avait complètement tort. Abimélec craignait véritablement Dieu, […] et s’est prouvé être un homme d’une intégrité parfaite29. » Dans le Nouveau Testament il y a Corneille qui connait Dieu déjà et marche avec lui avant d’entendre l’évangile de la part de Pierre, provoquant l’exclamation de Pierre : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Ac 10.34-5).
En ce qui concerne les saints du peuple de Dieu, c’est vrai que le contenu de leur foi était moins complet que ce que possèdent les croyants dans la Nouvelle Alliance. Pourtant, ils n’étaient pas dépourvus de toute révélation concernant le Messie à venir. Les actes de Dieu dans l’histoire (surtout l’Exode et la Pâque), ainsi que les pratiques de la Loi (les sacrifices, le sabbat…) préfiguraient déjà l’œuvre de Christ avec une clarté suffisante pour que les israélites y mettent leur confiance. Au fur et à mesure que les prophètes ont parlé, l’image du Christ présentée aux saints de l’Ancien Testament devenait de plus en plus claire avec des descriptions de sa passion (Ps 22, És 53), son règne victorieux (Ps 2), et l’inclusion de non-juifs dans son salut (És 49.6). La foi des israélites n’était pas une vague disposition de faire le bien et de chercher Dieu, mais Dieu leur avait parlé, comme il n’a pas fait pour d’autres nations (Ps 147.20), et leur foi était dans cette révélation.
Pour Melchisédek, le prêtre d’El-elyon, son Dieu n’est pas autre que le Dieu Créateur, et il vaut mieux traduire El-elyon comme Dieu Très-Haut puisque c’est le sens des mots el et elyon en hébreu. Il vit à une époque où la connaissance de Dieu que Noé et ses fils auraient confiée à leur descendants était toujours présente dans le monde. Il ne sert pas comme exemple de quelqu’un qui a tiré le meilleur de la religion cananéenne, mais comme un rare héritier fidèle de la tradition originelle du Créateur.
Quant à Abimélec, le texte de Genèse est tout simplement silencieux sur l’état de son âme. C’est vrai que Dieu lui parle, mais Dieu ne parle pas qu’aux siens (e.g. Caïn, Gn 4.6 ; Balaam, No 22.9), et c’est vrai qu’il est innocent dans l’affaire de Sarah, mais cela ne veut pas dire qu’il a une foi vivante en Dieu. Tout ce que nous pouvons affirmer certainement d’après le texte est qu’il n’est pas aussi méchant qu’Abraham présumait.
Finalement, l’exemple néotestamentaire de Corneille est particulièrement mal choisi. Le premier problème est que Corneille habite parmi les juifs et bénéficie de la révélation de l’Ancien Testament. En termes de révélation et foi, son cas ne diffère guère de celui des juifs pieux à l’époque qui n’avaient pas encore entendu dire de Jésus. Le deuxième problème est que l’affirmation de Pinnock, que Corneille n’avait pas besoin de rencontrer Pierre pour être sauvé, est explicitement contredite par le texte quand l’ange dit à Corneille : « Envoie à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (Ac 11.13-14).
V. Conclusion
L’attraction émotionnelle de l’inclusivisme est évidente. La réalité de la condamnation et de l’enfer est une vérité difficile qui peut nous provoquer à poser des questions. Il faut quand même soumettre nos raisonnements à la Parole de Dieu, et ne pas attendre à Dieu qu’il agisse d’une manière qui est raisonnable pour nous. Nous avons tendance de centrer le concept du salut sur nous-mêmes, alors que pour la Bible c’est manifestement Dieu qui est au centre. C’est lui, le Dieu totalement suffisant, qui opère le salut par sa main seule pour que son peuple ait la joie de s’émerveiller de lui pendant des siècles sans fin. La bonne nouvelle que Dieu pardonne les péchés des hommes à travers la foi dans le nom de Jésus est une révélation incroyablement fabuleuse qui n’a pas besoin d’être améliorée par les hypothèses sur d’autres moyens de salut. La volonté de Dieu dans le salut est de glorifier son Fils (Jn 17.1, Ph 2.9-11), et c’est cela qu’il accomplit en publiant son évangile à chaque coin du monde pour rassembler une nouvelle humanité unie dans le nom de Jésus Christ.
Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? Qui lui a donné le premier, pour qu’il ait à recevoir en retour ? C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. A lui la gloire dans tous les siècles ! Amen ! (Rm 11.34-36)
LEWIS, C.S., La Dernière Bataille, trad. Philippe Morgaut, Gallimard Jeunesse, 2008, pp. 193-4.
LEWIS, C.S., Les Fondements du christianisme, Guebwiller France, Éditions L.L.B., 1979, p. 210.
STRONG, Augustus Hopkins, Systematic Theology, Philadelphia, American Baptist Publication Society, 1907, Vol III, Part VI, Ch 2, Section 2.1, p. 843.
Lumen Gentium II.16.
La largeur généreuse de la miséricorde de Dieu.
PINNOCK, Clark H., « An Inclusivist View » dans D. OKHOLM, T. PHILLIPS, Four Views on Salvation in a Pluralistic World, Grand Rapids, MI, Zondervan, 1995, p. 110. « God has been at work saving human beings before Jesus was born and does so where Jesus has not been named. »
Ibid, p. 119 « Everyone must eventually pass through Jesus to reach the Father, but there is more than one path for arriving at this place. […] One can get to that place from many points on the compass. All the paths that lead to God end up at Jesus, but they do not all start with him. »
PINNOCK, Clark H., A Wideness in God’s Mercy, Grand Rapids, MI, Zondervan, 1992, p. 154. « We have to confront the niggardly traditions of certain varieties of conservative theology that present God as miserly, and that exclude large numbers of people without a second thought. This dark pessimism is contrary to Scripture and right reason. […] What kind of God would send large numbers of men, women, and children to hell without the remotest chance of responding to his truth? »
PINNOCK, Four Views, p. 101. « whole groups excluded from salvation. »
PINNOCK, Wideness, p. 39. « unlucky. »
Ibid, p. 152 « through no fault of their own. »
PINNOCK, Four Views, p. 116. « a penalty for those who live too soon. »
PINNOCK, Wideness, p. 157. « the faith principle. »
Ibid, p. 157-8. « According to the Bible, people are saved by faith, not by the content of their theology. Since God has not left anyone without witness, people are judged on the basis of the light they have received and how they have responded to that light. […] A person is saved by faith, even if the content of belief is deficient (and whose is not?). »
Ibid, p. 166. « He was a believer already and not hellbound. True, he needed to become a Christian to receive messianic salvation, including assurance and the Holy Spirit, but not to be saved from hell. »
PINNOCK, Four Views, p. 104. « In the economy of God, the Spirit is under nobody’s control but free to grace any person or any sphere, however remote from the church’s present boundaries. […] The world is the arena of God’s presence, and the Spirit knocks on every human heart. […] No people is totally devoid of inspiration as God works to bring the prodigal home. »
PINNOCK, Wideness, p. 103.
Ibid, p. 86s.
Ibid, p. 111. « There is enough truth in most religions for people to take hold of and put their trust in God’s mercy. »
Ibid, p. 83. « genuine openness to the truth and the goodness found in other religions. »
E.g. : Ibid, p. 149 : “accidents of birth.”
Cf. par exemple l’histoire de la réception de l’évangile par les Santal racontée dans RICHARDSON, Don, Eternity in their Hearts, Ventura, CA, Regal Books, Revised Edition 1984, p. 41s.
HODGE, Charles, Systematic Theology, Oak Harbor WA, Logos Research Systems, Inc., 1997, III.xiv.1-2.
VOS, Geerhardus, Reformed Dogmatics, trad. Richard B. Gaffin Jr., Bellingham WA, Lexham Press, 2012–2016, p. 34, Vol. 4, Ch. 2, Q. 8.
Curieusement, Pinnock dit à un moment que « l’Esprit est la puissance de Dieu pour le salut (the Spirit is the power of God unto salvation). » PINNOCK, Four Views, p. 116.
En français le lien entre les mots « foi » et « croire » n’est pas aussi évident qu’en grec où ils sont respectivement πιστις (pistes) et πιστευω (pisteuō).
PINNOCK, Wideness, p. 176s.
Ibid, p. 94.
Ibid. « He was completely wrong. Abimelech truly feared God, […] and proved to be a man of complete integrity. »