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Bonjour chers lecteurs,
Janvier 2025 s’en est allé, et nous en sommes contents ; c’était loin d’être le mois le plus agréable que nous avons vécu dans notre famille. Il y a deux semaines, j’ai amené notre fille Violette (4 ans) aux urgences parce qu’elle peinait à respirer. C’était une pneumonie bactérienne qui nous a obligé d’y rester cinq jours. C’est sur que c’était une épreuve pour toute la famille : pour Chelsea qui s’occupait des autres enfants toute seule ainsi que pour Violette et moi confiné dans sa chambre à l’hôpital. Merci Dieu, nos frères et sœurs en Christ nous ont grandement soutenu, et nous avons traverser l’épreuve sans craquer. Violette s’est bien rétabli, elle va très bien maintenant, et nous retrouvons doucement notre rythme de vie ordinaire… juste à temps pour les vacances de février 😳.
Épistémologie
Les affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires ?
Cette règle de la connaissance est souvent répétée par des athées comme une arme de choix contre toute affirmation d’une intervention miraculeuse de Dieu. Ils la présentent comme si c’est du sens commun : si je vous dit que j’ai un chien, vous êtes probablement prêts à me croire sur parole. C’est une affirmation ordinaire. Si je dit que j’ai un tigre, vous allez douter un peu si je n’ai pas de preuves parce que ça, ça sort de l’ordinaire. Et si enfin je dit que mon animal de compagnie, c’est un dragon, voilà une affirmation extraordinaire que vous n’allez pas croire sans des preuves vraiment extraordinaires.
Ainsi on établit cette règle, et puis si c’est suggéré que Jésus a été ressuscité d’entre les morts, on vous informe que là nous avons une affirmation extraordinaire qui va nécessiter des preuves extraordinaires. Bien sur, quelque soient les preuves apportées, elles ne seront jamais assez extraordinaires.
Le problème n’est pas les preuves, le problème est la règle qui souffre d’au moins deux faiblesses fatales. Ce n’est pas vrai que des affirmation extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires.
(1) Cette règle n’est pas un bon guide dans la vraie vie. Si nous la suivait soigneusement, nous serions sujets aux doutes déraisonnables, et au même temps nous croirions des mensonges dangereux. Les affirmations qu’a fait l’arnaqueur au téléphone étaient parfaitement ordinaires, mais j’ai bien fait de les douter. Par contre, imaginons que je suis allé jouer au golfe tout seul un jour, et il m’arrive à un moment donné de faire entrer le ballon dans le trou avec un seul coup (un “Hole in one”). C’est extraordinaire pour les meilleurs golfeurs ; pour moi ça frôlerait le miraculeux. Personne ne l’a vu sauf moi, et je n’ai aucune preuve à offrir sauf ma parole. Alors, si je le raconte à ma femme ou à mes amis, seront-ils obligés de ne pas me croire parce que je fais une affirmation extraordinaire sans des preuves extraordinaires ?
Ce que ces deux exemples montrent est que la fiabilité du témoin est beaucoup plus important pour la fiabilité des affirmations qu’une mesure de combien elles sont extraordinaires.
(2) Plus important encore est le fait qu’il n’y a aucune mesure objective par laquelle on peut designer une affirmation comme ordinaire ou extraordinaire. Ce qui est considéré comme extraordinaire dépend de la vision du monde de la personne qui évalue et des présupposés qu'elle qui fournit la grille d’évaluation. Par exemple, considérons le cas de l’affirmation chrétienne que Jésus et mort sur la croix et ressuscité le troisième jour. Pour un athée, l'affirmation de la mort de Jésus est ordinaire, tandis que l'affirmation de sa résurrection est extraordinaire. Mais pour un musulman, l'affirmation de la résurrection n'est pas intrinsèquement extraordinaire (Q 3.49 Jésus ressuscite les morts), mais l'affirmation que Dieu laisserait mourir son prophète d’une façon aussi brutale et honteuse, cela est inconcevable.
C’est clair que l’objection du musulman dépend d’une certaine conception de Dieu, mais c’est tout à fait pareil pour l’athée. Il considère une résurrection comme extraordinaire seulement parce qu’il présuppose la non-existence de Dieu et l’impossibilité des miracles. Ce n’est pas une qualité objective de l’affirmation que la rend extraordinaire pour l’athée, mais le fait qu’elle n’a pas de place dans sa vision du monde. Ce que nous savions déjà…
L’hébreu biblique
Pourquoi ça s’appelle « arche » ?
Dans la langue française le mot arche n’est pas habituellement utilisé pour décrire des bateaux. Il y a, à ma connaissance, exactement un bateau qui s’appelle Arche, c’est celui de Noé. De même pour l’arche de l’alliance ; on n’a pas l’habitude d’utiliser le mot arche pour parler des boîtes, quelque soit leur fonction sacrée. Alors, comment arrive-t-il que nos bibles françaises utilisent le mot arche pour parler de ces deux choses qui ne sont pas des arches ?
Le mot hébreu pour le bateau construit par Noé est תֵּבָה (tébah). Ce mot apparait dans la Bible dans deux livres seulement : en Genèse dans l’histoire de Noé, et en Exode où c’est le mot pour la corbeille dans laquelle Moïse flotte sur le Nil. Ce n’est pas, contrairement à nos traductions, le même mot que celui utilisé pour le coffre qui contient les tables des 10 commandements. Ce mot est אֲרוֹן (aron), et il est utilisé presque exclusivement pour l’arche de l’alliance (exceptions : Gn 50.26, 2 R 12.9-10, 2 Chr 24.10-11).
Alors, si ce n’est pas le même mot en hébreu, pourquoi on utilise le même mot en français ? Et pourquoi arche ? La réponse à la première question se trouve dans la Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament faite par les juifs dans les 3e et 2e siècles avant J.C. Là on trouve le même mot grec, κιβωτος (kibotos), qui traduit le tébah de Noé et le aron de l’alliance. Kibotos a le sens de coffre ou boîte. Alors, l’équivalent latin utilisé dans la Vulgate est arca, et c’est ce mot qui est devenu arche en français.
Par contre, le mot arche comme pour un aqueduc a un autre étymologie ; comme arc, il vient de arcus qui porte le même sens que ces mots.
Intelligence artificielle
Une question de noire et blanc ?
Personnellement, je ne m’intéresse pas trop à l’IA. Peut-être qu’un jour je serai obligé, mais pour l’instant je suis content de l’ignorer. Cette vidéo (en anglais), par contre, m'a fait rire : Levi Rosman oppose ChatGPT à DeepSeek dans l'ultime partie d'échecs entre chatbots IA. Elle est également instructive en ce sens qu'elle illustre bien comment l'IA excelle à paraître intelligente tout en disant des bêtises. Pour un traitement plus sérieux, et tout à fait utile, cet article (aussi en anglais) compare l'IA à un jpeg flou de l'internet.
Lectures
J’ai beaucoup lu dans l’hôpital, comme vous pouvez imaginer. Alors j’ai terminé God on the Brain par Bradley Sickler, Remaking the World par Andrew Wilson, et Men and Women in the Church par Kevin DeYoung. Ce dernier au moins existe en français et je le recommande fortement.
En progrès : Redeeming Reason par Vern Poythress, The Eye of the Beholder par Lydia McGrew, et Beauty is Your Destiny par Philip Ryken.
Cyclisme
Pendant que Violette et moi étions dans l’hôpital, nous avons découvert à la télé un sport dont je connaissait le nom mais que je ne l’avait jamais regardé : le cyclo-cross. Nous avons bien kiffé. Si vous ne l’avez jamais vu, tentez cette vidéo :
L’Eternel, lui, est dans son saint temple.
Que toute la terre fasse silence devant lui!Habakuk 2.20