Lire la partie 3 :
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Voici, moines, la Vérité Noble dite le Sentier conduisant à la cessation du dukkha. C’est le Noble Sentier Octuple, à savoir : la vue correct, la pensée correcte, la parole correcte, l’action correcte, le moyen d’existence correct, l’effort correct, l’attention correct, et la concentration correcte1.
C’est le Sentier Octuple qui définit la pratique bouddhiste en vue d’atteindre l’éveil et la fin de dukkha. En mettant tous les huit éléments en équilibre, le bouddhiste peut faire du progès en se mettant en harmonie avec la réalité pour éteindre sa soif. Pour le faire, il faut non seulement voir juste (aspects 1-2), mais aussi mener une vie éthique (aspects 3-5) et développer des pratiques spirituelles, surtout la méditation (aspects 6-8).
L’éthique bouddhiste se trouve dans les aspects 3-5 du Sentier Octuple : la parole correcte, l’action correcte, et le moyen d’existence correct. Ces trois dimensions de la vie éthique sont encore explicitées par les Cinq Préceptes : (1) Ne pas tuer, (2) Ne pas voler, (3) Ne pas commettre d’inconduite sexuelle, (4) Ne pas mentir, (5) Ne pas prendre de substance altérant l’esprit2. Ces règles démontrent la conscience bouddhiste de la moralité qui est implantée dans tout cœur humain. Il y a cette intuition humaine que ce standard de conduite nous est imposé par une réalité extérieure. Ce qui est curieux pour le bouddhisme est que le code moral reste alors que le Dieu saint qui le fonde n’est plus là. L’univers du bouddhisme n’est pas fondamentalement personnel, mais impersonnel. Alors que la moralité soit intrinsèquement personnelle, le bouddhisme n’a pas de Dieu personnel pour la fonder.
Le système de karma ne répond pas à l’intuition morale humaine, parce que notre connaissance du bien et du mal est indépendente des conséquences, qu’elles soient dans cette vie ou dans une vie future. Même si les conséquences pour le meurtre étaient bonnes et celles pour la générosité étaient mauvaises, notre estimation morale de ces actions ne changerait pas. En plus, il y a d’autres actions avec des conséquences négatives qui ne sont pas immorales. Si je me fais tromper et je verse de l’argent à un fraudeur, le fait que j’en souffrai ne fait pas de cet acte un acte immoral. Sans Dieu personnel, les catégories de moral et immoral perdent leur sens. La moralité bouddhiste témoigne donc, contre le bouddhisme, que l’homme est fait à l’image de Dieu, et qu’il lui est redevable.
Quant aux aspects rituels du Sentier Octuple, bien que l’idée soit de chercher l’éveil et non pas d’adorer un dieu, l’intuition humaine pour l’adoration se manifeste quand même. Hagen affirme que « On ne se prosterne pas devant un bouddha3, » mais cela n’empêche pas plein de bouddhistes à se prosterner devant des statues de bouddhas4 ! Et malgré l’insistence bouddhiste que l’éveil est atteint par ses propres efforts, une pratique centrale est de « prendre refuge » par une declaration verbale dans les Trois Joyaux : le Bouddha, le Dharma (l’enseignement), et le Sangha (la communauté)5. Dans certaines branches du bouddhisme, on cherche la faveur d’êtres divers, par la dévotion, pour avancer sur le chemin de l’éveil6. La justification pour les pratiques de révérence dans le bouddhisme n’est pas clair (alors l’affirmation de Hagen). Sa présence malgré cela témoigne de la vérité biblique que les hommes ont été faits pour adorer le Dieu qui est digne de tout honneur et toute gloire.
Le salut
La doctrine bouddhiste du Sentier Octuple témoigne de la conscience humaine que l’on appartient à un Dieu à qui on est redevable et qui mérite son adoration. L’erreur dans l’approche bouddhiste est de voir la pratique comme le moyen de transformation et non pas dans l’autre sens. Il y a une surestimation des capacités humaines pour se transformer soi-même. Le Bouddha n’est pas vu comme le sauveur de ses disciples de la manière que Jésus est le sauveur des siens. Lui a dit plutôt : « Soyez une lumière pour vous-mêmes, ne cherchez pas de refuge extérieur. Tenez-vous à la Vérité. Ne cherchez refuge auprès de personne d’autre que vous-mêmes7. »
L’être humain est exhorté à transcender son attachement et sa soif pour atteindre l’éveil, mais cette idée présume que la corruption de l’homme est un aspect superficiel qui peut être enlevé par l’homme lui-même. La Bible voit plus clairement que c’est le cœur lui-même qui est corrompu (Jr 17.9), est que l’homme est « mort dans ses péchés (Ép 2.1). » Une personne dans cette condition ne peut pas échapper à ce qu’elle est par ses propres efforts. Pour qu’un homme transcende sa nature corrompue pour achever la glorification, il faut que le Dieu transcendant intervienne pour le changer par une puissance extérieure.
Dans la Bible, le sentier du salut n’est pas une recette pour les morts de se ressusciter eux-mêmes, mais une Personne, Jésus Christ qui est le chemin, la vérité, la résurrection, et la vie (Jn 14.6, 11.25). C’est lui qui transforme notre cœur pour nous donner la capacité et la volonté de vivre comme nous devons, d’adorer Dieu en esprit et en vérité, et de mener une vie qui correspond à sa sainteté. Alors, ce n’est pas par la pratique que l’on s’effectue sa transformation, mais c’est grâce à la transformation donnée que la pratique est réformée. Ainsi, la doctrine du Christ Sauveur incorpore et dépasse la doctrine du Sentier Octuple.
Môhan Wijayaratna, trad., « Dhammacakkappavattana sutta (SN 56.11) », https://www.dhammadelaforet.org/sommaire/sutta_tipaka/txt/dhammacakkappavattana_mw.html.
Access to Insight, « The Five Precepts: pañca-sila », 30 novembre 2013, en ligne, https://www.accesstoinsight.org/ptf/dhamma/sila/pancasila.html, consulté le 1 avril 2025.
Steven Hagen, Buddhism Plain and Simple. The Practice of Being Aware Right Now, Every Day, New York, Tuttle, 2011, p. 9. « Nor is a buddha someone you bow down to. »
« Bowing as Practice », Buddhism for Beginners, en ligne, https://tricycle.org/beginners/buddhism/bowing-as-practice/, consulté le 1 avril 2025; Alan Peto, « Daily Buddhist Practice for Beginners », Learn Buddhism with Alan Peto, 9 mai 2021, en ligne, https://creators.spotify.com/pod/profile/alanpeto/episodes/2---Daily-Buddhist-Practice-for-Beginners-e10f792, consulté le 1 avril 2025.
Access to Insight, « The Threefold Refuge: tisarana », 30 novembre 2013, en ligne, https://www.accesstoinsight.org/ptf/tisarana.html, consulté le 2 avril 2025; « What Are the Three Jewels? », Buddhism for Beginners, en ligne, https://tricycle.org/beginners/buddhism/three-jewels-of-buddhism/, consulté le 2 avril 2025.
Peter Harvey, Buddhism and Monotheism, Cambridge Elements: Religion and Monotheism, Cambridge, Cambridge University Press, 2019, p. 44, 49.
Steven Hagen, op. cit., p. 165. « Be a light unto yourself; betake yourselves to no external refuge. Hold fast to the Truth. Look not for refuge to anyone besides yourselves. »