Les chrétiens peuvent être surpris d’apprendre que le Qur’an lui-même parlent souvent des livres que Dieu a inspirés (fait descendre) par le passé. Les juifs et les chrétiens sont appelés « les gens du Livre », et le Qur’an affirme que ce qu’ils possèdent est une révélation divine.
2.41 : [Ô Enfants d’Israël] croyez à ce que J’ai fait descendre, et qui confirme ce qui était déjà avec vous; et ne soyez pas les premiers à le rejeter. Et n’échangez pas Mes révélations contre un vil prix. Et c’est Moi que vous devez craindre.
4.136 : Ô les croyants! Ayez toujours foi en Allah, en Son Messager, au Livre qu’il a fait descendre sur Son Messager, et au Livre qu’il a fait descendre avant.
Nommés expressément sont la Torah (les cinq premiers livres de l’Ancien Testament) et l’Évangile.
5.44-47 : Nous avons fait descendre la Thora dans laquelle il y a guide et lumière. […] 46 Et Nous avons envoyé après eux Jésus, fils de Marie, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Thora avant lui. Et Nous lui avons donné l’Évangile, où il y a guide et lumière, pour confirmer ce qu’il y avait dans la Thora avant lui, et un guide et une exhortation pour les pieux. 47 Que les gens de l’Évangile jugent d’après ce qu’Allah y a fait descendre. Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les pervers.
5.68 : Dis : "Ô gens du Livre ! Vous ne tenez sur rien, tant que vous ne vous conformez pas à la Thora et à l’Évangile et à ce qui vous a été descendu de la part de votre Seigneur."
Les musulmans sont divisés sur l’identité précise de l’Évangile dans le Qur’an. C’est décrit comme une révélation écrite qui a été donnée à Jésus et qui était dans la possession de la communauté chrétienne à l’époque de Mahomet. Comme il y a quatre livres qui sont appelés évangiles dont aucun n’a été écrit par Jésus, il y a une certaine mesure de confusion. Le plus probable est que le Qur’an parle du Nouveau Testament entier qui était appelé l’Évangile par les chrétiens anciens avant de porter le nom de Nouveau Testament. Ce qui est très clair est que cet Évangile est l’Écriture distinctive des chrétiens qui ne peut pas être autre que le Nouveau Testament soit entier, soit en partie.
Descendu pour confirmer
Selon le Qur’an, le message de Dieu porté par chaque nouvelle Écriture ne change pas. À plusieurs reprises il est dit que Dieu fait descendre le Qur’an pour confirmer les Écritures précédentes (comme l’Évangile confirme aussi la Torah, 5.46 dessus).
3.3-4 : Il a fait descendre sur toi le Livre avec la vérité, confirmant les Livres descendus avant Lui . Et Il fit descendre la Thora et l’Évangile auparavant, en tant que guide pour les gens.
2.101 : Et quand leur vint d’Allah un Messager confirmant ce qu’il y avait déjà avec eux, certains à qui le Livre avait été donné, jetèrent derrière leur dos le Livre d’Allah comme s’ils ne savaient pas!
Le Qur’an se considère comme la continuation d’une chaine de révélations de Dieu qui passe par les Écritures juives et chrétiennes. Il ne prétend pas décrire une nouvelle religion en opposition au judaïsme ou au christianisme, mais plutôt réaffirmer la vraie foi monothéiste tenue par les juifs et les chrétiens.
Le problème est que le Qur’an n’est pas essentiellement en accord avec la Bible, surtout le Nouveau Testament. Selon le Qur’an, Jésus n’est pas le Fils de Dieu (9.30) et il n’est pas mort à la croix (4.157). Tout le cœur de la Bonne Nouvelle du Nouveau Testament est nié par le Qur’an qui prétend au même temps confirmer le Nouveau Testament. Cette contradiction est flagrante et elle suffit pour montrer que le Qur’an n’est pas une révélation de la part de Dieu.
Les Écritures corrompues ?
Les musulmans qui sont au courant des différences fondamentales entre le Qur’an et les Écritures précédentes ont tendance à affirmer que ces dernières ont été corrompues après leur révélation initiale. Le Qur’an restaure donc ce qui a été le message originel des autres livres. Pour soutenir cette thèse, on s’appuie souvent sur Q2.79 et Q5.48 :
2.78-79 Et il y a parmi eux des illettrés qui ne savent rien du Livre hormis des prétentions et ils ne font que des conjectures. 79 Malheur, donc, à ceux qui de leurs propres mains composent un livre puis le présentent comme venant d’Allah pour en tirer un vil profit! Malheur à eux, donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu’ils en profitent!
Le problème pour 2.79 comme preuve de la corruption des Écritures et qu’il n’y a simplement pas de raison de penser que ce verset parle des Écritures chrétiennes et juives. On a à faire avec des gens qui écrivent de fausses révélations, mais ce n’est pas indiqué que ces faux livres sont la Torah ou l’Évangile. Au contraire, les gens responsables pour ces faux livres « ne savent rien du Livre », c’est à dire, des Écritures précédentes. Ce ne sont donc pas des scribes juifs ou chrétiens qui font exprès de changer le texte de la Bible à cause de leur incrédulité. C’est plutôt des gens qui inventent de toutes pièces de nouvelles « révélations » afin de gagner « un vil profit. »
5.48 Et sur toi (Mohammad) Nous avons fait descendre le Livre avec la vérité, pour confirmer le Livre qui était là avant lui et pour prévaloir sur lui.
Certains musulmans disent que ce verset indique que le Qur’an est donné comme le critère sur les Écritures précédentes (« pour prévaloir sur lui » dans cette traduction). Ils affirment donc que le Qur’an sert comme le critère qui distingue entre les parties de la Bible qui ont été corrompues et les parties où la révélation originelle persiste.
Une difficulté pour cette interprétation est qu’elle contredise l’affirmation répétée du Qur’an qu’il confirme les Écriture précédentes. Confirmer et corriger ne sont pas la même chose, et si on devait comprendre que le Qur’an confirme les autres Écritures en partie, ce n’est pas ce que dit le texte.
En plus, ce n’est pas clair que « critère » est une traduction juste de l’arabe muhaymin. Selon James White :
Nous n'avons pu trouver aucune preuve lexicale contemporaine que muhaymin signifie « correcteur ». Il s'agit d'un gardien, ce qui semble signifier qu'il doit agir comme un protecteur, et non comme un correcteur, de ces textes1.
D’autres traductions vont dans ce sens et traduisent muhaymin comme protecteur, y compris celles de T. Usmani, A. Maudui, Yusuf Ali, et le Study Quran (Cf. Pickthall, “Watcher over”). Dans le commentaire du Study Quran, on note :
Le Quran est également décrit comme un protecteur (muhaymin) des écritures précédentes, ce qui signifie que le Quran témoigne de la validité des écritures précédentes et en est le dépositaire, le détenteur, et le gardien (Voir les commentaires d’al-Tabari et d’al-Zamakhshari). « Le protecteur » (al-Muhaymin) est également l'un des noms de Dieu dans le Quran (59.23)2.
Cette théorie de la corruption de la Bible ne vient donc pas du Qur’an lui-même, mais elle existe plutôt pour expliquer la validation des Écritures précédentes dans le Qur’an malgré les différences irréconciliables entre ces livres. C’est une tentative de sauver le Qur’an d’une contradiction évidente et non pas une doctrine enseignée par le texte fondateur musulman.
La préservation de la Bible
La théorie de la corruption de la Bible est réfutée aussi par les faits de la tradition manuscrite du Nouveau Testament. Nous possédons aujourd’hui un peut près 5700 manuscrits des textes du Nouveau Testament. Les plus anciens datent du 2e siècle de notre ère, moins de 100 ans après la rédaction de ces documents. Malgré les nombreuses petites différences entre tous ces manuscrits, il n’y a pas de différence au niveau du message des livres du Nouveau Testament. Il n’y a pas de manuscrit néotestamentaire où Jésus n’est pas le Fils de Dieu ou qui nie sa crucifixion.
Il faut noter aussi que la transmission du texte du Nouveau Testament était une transmission libre. Cela veut dire qu’il n’y a pas eu d’autorité, soit ecclésiastique soit civile, qui contrôlait le texte du Nouveau Testament (à la différence du Qur’an). Les divers documents ont été rédigés à des lieux différents et les copies étaient très vite distribuées partout dans l’empire romain et au-delà. Comme le texte était préservé et recopié en plusieurs lieux, il n’y a pas eu de personne ou de groupe qui avait la possibilité d’introduire les changements dans toutes les copies d’un livre néotestamentaire. La conséquence de ces réalités historiques est que la théorie de la corruption de l’Évangile par les scribes chrétiens est une théorie qui va à l’encontre de toutes les preuves. Au contraire, dans la providence de Dieu, nous pouvons avoir la plus haute niveau de confiance dans les Écritures que nous avons reçues.
White, James R. What Every Christian Needs to Know About the Qur'an (p. 169). Baker Publishing Group. Kindle Edition.
Nasr, Seyyed Hossein, Caner K. Dagli, Maria Massi Dakake, Joseph E. B. Lumbard, and Mohammed Rustom, eds. The Study Quran: A New Translation and Commentary. First edition. New York, NY: HarperOne, An Imprint of HarperCollins Publishers, 2015, p. 300.