Voici un extrait d’un plus grand article qui j’ai écrit sur cette question que vous pouvez trouver ici : Aucun autre nom.
Le raisonnement biblique de Pinnock se limite presque entièrement à des exemples dans la Bible des personnes qui ont été sauvées sans connaître le nom de Jésus. En premier lieu il y a tous les saints du peuple de Dieu qui ont vécu avant Christ et qui ne l’ont pas connu. Puis il y a ceux qu’il appelle les « saints païens » qui incluent Melchisédek, Abimélec (roi de Guérar), et Corneille. Melchisédek est un prêtre païen qui adore El-elyon et qui bénit Abraham par son Dieu. Abraham accepte cette bénédiction et offre le dîme à Melchisédek, considérant que le culte de Melchisédek est valide et que son El-elyon est le même que Yahwé28. Abimélec aussi est un roi rencontré par Abraham dans un pays où Abraham présume qu’il n’y a pas de craint de Dieu. Mais Abraham « avait complètement tort. Abimélec craignait véritablement Dieu, […] et s’est prouvé être un homme d’une intégrité parfaite29. » Dans le Nouveau Testament il y a Corneille qui connait Dieu déjà et marche avec lui avant d’entendre l’évangile de la part de Pierre, provoquant l’exclamation de Pierre : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable » (Ac 10.34-5).
En ce qui concerne les saints du peuple de Dieu, c’est vrai que le contenu de leur foi était moins complet que ce que possèdent les croyants dans la Nouvelle Alliance. Pourtant, ils n’étaient pas dépourvus de toute révélation concernant le Messie à venir. Les actes de Dieu dans l’histoire (surtout l’Exode et la Pâque), ainsi que les pratiques de la Loi (les sacrifices, le sabbat…) préfiguraient déjà l’œuvre de Christ avec une clarté suffisante pour que les israélites y mettent leur confiance. Au fur et à mesure que les prophètes ont parlé, l’image du Christ présentée aux saints de l’Ancien Testament devenait de plus en plus claire avec des descriptions de sa passion (Ps 22, És 53), son règne victorieux (Ps 2), et l’inclusion de non-juifs dans son salut (És 49.6). La foi des israélites n’était pas une vague disposition de faire le bien et de chercher Dieu, mais Dieu leur avait parlé, comme il n’a pas fait pour d’autres nations (Ps 147.20), et leur foi était dans cette révélation.
Pour Melchisédek, le prêtre d’El-elyon, son Dieu n’est pas autre que le Dieu Créateur, et il vaut mieux traduire El-elyon comme Dieu Très-Haut puisque c’est le sens des mots el et elyon en hébreu. Il vit à une époque où la connaissance de Dieu que Noé et ses fils auraient confiée à leur descendants était toujours présente dans le monde. Il ne sert pas comme exemple de quelqu’un qui a tiré le meilleur de la religion cananéenne, mais comme un rare héritier fidèle de la tradition originelle du Créateur.
Quant à Abimélec, le texte de Genèse est tout simplement silencieux sur l’état de son âme. C’est vrai que Dieu lui parle, mais Dieu ne parle pas qu’aux siens (e.g. Caïn, Gn 4.6 ; Balaam, No 22.9), et c’est vrai qu’il est innocent dans l’affaire de Sarah, mais cela ne veut pas dire qu’il a une foi vivante en Dieu. Tout ce que nous pouvons affirmer certainement d’après le texte est qu’il n’est pas aussi méchant qu’Abraham présumait.
Finalement, l’exemple néotestamentaire de Corneille est particulièrement mal choisi. Le premier problème est que Corneille habite parmi les juifs et bénéficie de la révélation de l’Ancien Testament. En termes de révélation et foi, son cas ne diffère guère de celui des juifs pieux à l’époque qui n’avaient pas encore entendu dire de Jésus. Le deuxième problème est que l’affirmation de Pinnock, que Corneille n’avait pas besoin de rencontrer Pierre pour être sauvé, est explicitement contredite par le texte quand l’ange dit à Corneille : « Envoie à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (Ac 11.13-14).
Lire la suite :
Aucun autre nom
I. Introduction Si c’est l’évangile qui est « la puissance de Dieu pour le salut » (Rm 1.16), quel est le destin de ceux qui meurent sans jamais l’avoir entendu ? Devons-nous comprendre qu’ils sont tous perdus ? Ou est-ce que Dieu aurait prévu une autre manière de salut pour ceux-ci ?
Image de couverture : By Fallaner - Own work, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=148481893
Jn 17:3: "Or, la vie éternelle, c 'est qu 'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jesus-Christ."
Si Jésus le dit, c'est clair. Maintenant qu'en est il de ceux qui ont vécu avant :
1P 1:10-11: "Les prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était réservée, ont fait de ce salut l'objet de leurs recherches et de leurs investigations, voulant sonder l'époque et les circonstances marquées par l'Esprit de Christ qui était en eux, et qui attestait d'avance les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient suivies."
L'Esprit de Christ était en eux ... cqfd.
Voilà pourquoi David disait :
Ps 51:11: "Ne me rejette Pas loin de ta face, Ne me retire pas ton esprit saint."
Paul dit bien : Rm 8:9: "Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l'esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas."