Lorsque nous ouvrons nos Bibles, qui nous parle à travers les mots que nous lisons ? S'agit-il de Dieu lui-même ou des pensées de simple personnes comme nous ? Pourrait-il s'agir, comme le disent les musulmans, d'un mot qui vient de Dieu mais qui a été corrompu par des scribes au cours des siècles ? Ou devrions-nous être encore plus sophistiqués et dire que la Bible n'est pas la parole de Dieu, mais qu'elle contient la parole de Dieu, ou qu'elle peut devenir la parole de Dieu lorsqu'il choisit de parler à travers elle ?
Avant d'interroger les théologiens, posons la question : que pensait Jésus de la Bible ?
Une objection
Certains vont déjà monter l’objection que l’on ne peut pas demander ce que Jésus pensait de la Bible alors que la Bible n'existait pas de son vivant. Et, bien sûr, il est évident que le Nouveau Testament n'a été écrit qu'après son départ et qu'à son époque, il n'existait pas de livre appelé « la Bible ».
Mais quand je dis « la Bible », je parle de l'Écriture, et il n'est pas nécessaire de passer beaucoup de temps dans les évangiles pour voir que l'Écriture est très importante pour Jésus. Ce que je veux savoir, c'est quelle est la nature de cette Écriture selon Jésus. Que l’on ait cinq livres comme Josué, trente-neuf livres comme Jésus1 ou soixante-six livres comme nous aujourd'hui, qui est (en fin de compte) l'auteur des livres que l’on a ? S'agit-il simplement de pensées d'hommes, ou détenons-nous une parole sortie de la bouche de Dieu ?
L'utilisation de la Bible par Jésus
Si jamais il y avait quelqu’un qui n'avait pas besoin d'utiliser les Écritures pour enseigner et répondre aux questions, c'était Jésus. Et c’est vrai qu’il fondait des enseignements sur sa propre autorité, mais sa façon habituelle était constamment de renvoyer les gens à la Bible. Une recherche rapide de quelques termes clés dans les évangiles permet de trouver plus de 50 cas où Jésus cite l'Écriture ou s'y réfère2. Pour lui, la Bible est la norme incontestable de croyance et de pratique que le peuple de Dieu est tenu de croire et de mettre en pratique. Trois exemples en particulier démontrent clairement le point de vue de Jésus sur l'Écriture : Jean 10.35, Matthieu 19.3-4 et Matthieu 22.31-32.
L'Écriture ne peut être annulée
Jésus leur répondit: «N’est-il pas écrit dans votre loi: J’ai dit: ‘Vous êtes des dieux’? S’il est vrai qu’elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée et si l’Ecriture ne peut pas être annulée, comment pouvez-vous dire à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde: ‘Tu blasphèmes’, et cela parce que j’ai affirmé: ‘Je suis le Fils de Dieu’?
Jean 10.34-36
Dans Jean 10.35, Jésus ajoute en passant ce qui est présupposé dans tous les autres endroits où il cite les Écritures hébraïques : « L'Écriture ne peut pas être annulée ». Le verset qu'il cite est un verset difficile que certains pourraient être tentés de faire passer pour une erreur quelconque. Dans le Psaume 82, des individus méchants (probablement des hommes) sont appelés dieux - Elohim - le même mot utilisé pour désigner Dieu lui-même plus de 2 300 fois dans l'Ancien Testament. Et pourtant, Jésus insiste sur le fait que « l'Écriture ne peut pas être annulée ». Quelle que soit la solution à la difficulté, Jésus n'envisage pas que l'auteur inspiré ait pu commettre une erreur. Sa confiance dans la fiabilité de la Parole est aussi élevée qu'elle peut l'être.
Celui qui les a créés dit...
Les pharisiens l’abordèrent et, pour lui tendre un piège, ils lui dirent: «Est-il permis à un homme de divorcer de sa femme pour n’importe quel motif?» Il répondit: «N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, a fait l’homme et la femme et qu’il a dit: C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront qu’un?
Matthieu 19.3-5
Ce qui est intéressant dans l'utilisation par Jésus de Genèse 2.24 qu'il cite dans Matthieu 19, c'est de savoir à qui il attribue les mots. Il introduit la citation par « Celui qui les créa dès le commencement fit l'homme et la femme, et dit... » Autrement dit, Jésus attribue les paroles de Genèse 2.24 à Dieu. Cependant, dans Genèse 2, il n'est pas écrit que Dieu a prononcé les mots « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère ». Ces mots sont un commentaire du narrateur qui raconte l'histoire.
Cela signifie que, pour Jésus, le livre de la Genèse ne se limite pas à être la parole de Dieu lorsqu'il est dit « Et Dieu dit ». Les paroles du narrateur sont également des paroles de Dieu et peuvent lui être attribuées directement. L'Ancien Testament ne contient pas seulement la parole de Dieu, il est la parole de Dieu du début à la fin.
N'avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit ?
Jésus leur répondit: «Vous êtes dans l’erreur parce que vous ne connaissez ni les Ecritures, ni la puissance de Dieu. En effet, à la résurrection, les hommes et les femmes ne se marieront pas, mais ils seront comme les anges de Dieu dans le ciel. En ce qui concerne la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit: Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob? »
Matthieu 22.29-32
Si nous y réfléchissons bien, nous nous attendions probablement à ce que Jésus dise : « N'avez-vous pas lu ce que Dieu a dit à Moïse : “Je suis le Dieu d'Abraham...” ? Mais selon Jésus, ces paroles ont été dites par Dieu « à vous », c'est-à-dire aux sadducéens auxquels il s'adressait. Pour Jésus, les paroles de l'Exode n'étaient pas simplement un enregistrement de ce que Dieu avait dit à son peuple dans le passé, mais une parole que Dieu continuait à adresser à des gens qui vivaient 1 500 ans plus tard. Bien que les sadducéens n'aient pas compris ou n’aient pas cru les mots qu'ils lisaient, Dieu leur avait néanmoins parlé, et Jésus les tient pour responsables du message qu'ils ont reçu de leur Créateur.
Nous n'avons aucune raison de penser que Jésus utilisera avec nous une autre norme que celle qu'il a appliquée aux Sadducéens. Nous aussi, Dieu nous parle lorsque nous lisons ou entendons les paroles de la Bible, et Jésus attend de nous que nous croyions à ses paroles et que nous les mettions en pratique.
Les paroles de l’Eternel sont des paroles pures, un argent affiné dans un creuset en argile et sept fois épuré.
Psaume 12.7
Les juifs comptaient 22 ou 24 books parce qu’ils combinaient, par exemple, 1 Samuel avec 2 Samuel et Esdras avec Néhémie. Aussi les 12 petits prophètes comptaient comme un seul livre.