Cahier FdD - 15/1/25
Le surnaturel dans d'autres religions - La divinité de Jésus et les conciles - Une guitare chaude
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Bonjour cher lecteur,
J’espère que votre première semaine après les vacances était meilleure que la nôtre. Nous avons eu tous la gastro et une nuit affreuse où la famille entière presque était malade. Le lundi matin je disais dans une réunion de prière que la famille avait été malade pendant les vacances mais que tout le monde étaient enfin en bonne santé… juste à temps pour les enfants de rentrer à l’école attraper de nouveaux microbes, et c’était l’après-midi même où le collège m’a appelé pour me dire qu’il fallait venir chercher Titus qui avait vomi…
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Comme beaucoup de vous, Chelsea et moi étions très encouragé de regarder un peu de la conversation entre Wesley Huff et Joe Rogan. J’avais franchement du mal à croire mes oreilles en entendant tous ces sujets qui me passionnent, langues anciennes et critique textuelle, discutés devant l’auditoire de Joe Rogan. Je prépare en ce moment une conférence sur la fiabilité de la Bible, et c’est un bon rappel qu’il y a des gens qui sont prêts à écouter et qui ont besoin de cette information.
Religions du monde
Le surnaturel dans d’autres religions
J’ai eu une discussion cette semaine avec un ami sur le sujet des expériences spirituelles dans le contexte d’autres religions. Mon ami vient de lire le témoignage d’un homme qui s’est converti à l’islam soufi parce qu’il a été convaincu d’avoir expérimenté Dieu à travers les pratiques soufies. La question qu’on s’est posée donc est comment nous les chrétiens devrions rendre compte de telles expériences. Voici quelques fruits de notre réflexion :
(1) Parfois on confond une expérience non-spirituelle avec une expérience véritablement spirituelle. Cela se passe même dans l’Église. On peut s’imaginer transporté par des anges alors que c’est simplement la musique qui fait vibrer notre nature charnelle.
(2) Les expériences, en générale, ne s’interprètent pas eux-mêmes. Quand on sent quelque chose ou on assiste à une scène qui semble dépasser le naturel, on va chercher une explication dans la compréhension que l’on a déjà du monde. Quand Paul guérit un boiteux à Lystre la foule les prend pour Zeus et Hermès, et à Malte quand Paul n’est pas blessé par le venin de la vipère, les gens concluent que lui-même est un dieu.
(3) Il y a des puissances spirituelles autre que Dieu qui ont pour but d’égarer les gens. En tant qu’occidentaux, je pense que c’est cet aspect que nous avons tendance à oublier. Nous avons hérité des « Lumières » une conception du monde qui est matérialiste et mécanique. Nous considérons que le monde fonctionne automatiquement selon les lois de la nature avec peut-être des rarissimes interventions de la part de Dieu. Ce n’est pas cela la conception du monde de la plupart des humains qui ont vécu sur cette terre, et ce n’est pas l’approche des auteurs de la Bible non plus. Si l’activité des être sur-naturels nous semble bizarre, ça s’explique peut-être par une stratégie des puissance ténébreuses comme imaginé par C.S. Lewis dans une lettre entre deux démons :
Je m'étonne que vous me demandiez s'il est essentiel de maintenir le patient dans l'ignorance de votre propre existence. Cette question, au moins pour la phase actuelle de la guerre, a été résolue pour nous par le Haut Commandement. Notre politique, pour le moment, est de nous cacher. Bien sûr, il n'en a pas toujours été ainsi. [...] Je ne pense pas que vous aurez beaucoup de difficultés à maintenir le patient dans l'ignorance. Le fait que les « diables » soient surtout des figures comiques dans l'imaginaire moderne vous aidera. Si le moindre soupçon de votre existence commence à naître dans son esprit, suggérez-lui l'image d'une chose en collants rouges et persuadez-le que, puisqu'il ne peut pas croire à cela (c'est une vieille méthode de manuel pour les confondre), il ne peut donc pas croire en vous1.
Les auteurs biblique parlent ouvertement de l’activité de démons et d’esprits mauvais, ce qui n’est pas toujours reconnu comme ce que c’est. La magie pratiqué par Simon le Magicien a été attribué à Dieu par les samaritains (Ac 8.9-12), et Satan lui-même se déguise en ange de lumière selon Paul (2 Co 11.14). Nous ne devons donc pas nous étonner s’il y a des expériences sur-naturelles en dehors du christianisme. C’est exactement ce qu’une vision du monde biblique prévoirait.
Ensuite, la question peut se poser comment il faut en parler. Ce n’est pas peut-être la meilleure approche de répondre automatiquement à toute affirmation d’une expérience surnaturelle avec : « C’était un démon ! » Pour ma part, je ne prétends pas savoir d’où vient le coran par exemple. Je me contente d’argumenter à partir du texte que nous avons que ce n’est pas une révélation de Dieu. Ainsi on reste sur un terrain objectif où on peut avoir une vraie discussion.
Histoire de l’Église
La divinité de Jésus et les conciles
Frédéric Lenoir, Comment Jésus est devenu Dieu :
[Constantin] a cependant tôt fait de réaliser que les divisions des chrétiens sur la nature de Jésus minent son projet. Il est impératif que les disciples du Christ s'accordent entre eux sur cette question cruciale. C'est donc pour des raisons éminemment politiques qu'il convoque à Nicée, en 325, un concile réunissant toutes les autorités religieuses chrétiennes disséminées sur son vaste empire et même en dehors de celui-ci. Il les conjure de se mettre d'accord sur le point essentiel qui les divise depuis deux siècles : qui est Jésus ? Un homme choisi par Dieu, voire élevé au rang divin par le Père, ou Dieu lui-même fait homme ?
Il faudra encore plus d'un siècle de disputes et de polémiques terribles, trois nouveaux conciles, et toujours la même implacable volonté des successeurs de Constantin de contraindre les théologiens chrétiens à s'accorder, pour qu'un consensus finisse par s'établir parmi une très large majorité, instaurant le dogme chrétien fondamental entre tous : la théologie trinitaire. Dieu est à la fois un et trois : le Père, le Fils et l'Esprit. Le Fils (ou Logos) possède une double nature, divine et humaine, Jésus étant l'incarnation humaine du Logos divin. Jésus est donc considéré comme Vrai Dieu et vrai homme, engendré et non pas créé, de même substance (ousia) que le Père. Cette formulation théologique complexe devient la base de la foi chrétienne et l'est toujours, quelles que soient les Eglises : catholiques, orthodoxes ou protestantes2.
Lenoir est quelque peu malhonnête ici. Il parle de « trois nouveaux conciles » et « plus d’un siècle de disputes et de polémiques terribles » entre 325 et 451 alors qu’il sait bien que la question dont il parle a bel et bien été réglée à Nicée en 325. La formule qu’il cite comme conclusion à tous ces débats n’est rien autre que le symbole de Nicée :
Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles ; il est Dieu, né de Dieu, lumière, née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu. Engendré, non pas créé, consubstantiel au Père, et par lui tout a été fait. Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du ciel ; par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme.
C’était a Nicée que le débat a eu lieu sur la pleine divinité de Jésus, parce que le prêtre Arius enseignait que le Fils était un dieu moindre, créé par le Père. Sa perspective a été fermement rejeté à Nicée, et la formule de foi adopté par le concile insiste que Jésus est « vrai Dieu de vrai Dieu, » « engendré, non pas créé, » et « consubstantiel au Père. » Seul deux évêques parmi les 200-250 rassemblés ont refusé cette formulation.
Les débats ultérieurs et les conciles conséquents (Constantinople 381, Éphèse 431, Chalcédoine 451) concernaient l’articulation precise entre la divinité et l’humanité de Christ, mais il n’étaient plus question si Jésus était Dieu, seulement comment il pouvait être Dieu et homme à la fois.
Depuis les archives
Cinq choses que tout chrétien devrait savoir sur la science
Les chrétiens peuvent être intimidés par la science, mais il ne faut pas que ce soit le cas. Nous pouvons être confiants parce que la science trouve sa place très naturellement dans la vision du monde chrétien, même mieux que dans une vision du monde athée. Voici donc, cinq vérités sur la science qui peuvent nous encourager, parce que la création étudié…
Lectures
Did Adam and Eve Exist?, C. John Collins
Beauty is your Destiny, Philip Ryken
J’ai terminé récemment The Glory of Christ par John Owen, et c’était magnifique. J’ai surligné plein de passages que j’aimerais partager, mais en voici deux :
C'est en cela qu'il est glorieux aux yeux de Dieu, des anges et des hommes. En lui, il y a en même temps, dans les mêmes actes divins, une glorieuse resplendissance de la justice et de la miséricorde, l'une en punissant, l'autre en pardonnant. L'apparente incohérence entre la justice de Dieu et le salut des pécheurs, qui exerce et terrifie la conscience des personnes convaincues et qui est le roc sur lequel la plupart d'entre elles s'effondrent dans la ruine éternelle, est ici supprimée et enlevée. En sa croix, la sainteté divine et la justice vindicative ont été exercées et manifestées ; et par son triomphe, la grâce et la miséricorde s'exercent à l'extrême. C'est cette gloire qui ravit les cœurs et rassasie les âmes de ceux qui croient. Car que peuvent-ils désirer de plus, quel est plus nécessaire pour le repos et la sérénité de leur âme, que de voir Dieu éternellement satisfait de la déclaration de sa justice et de l'exercice de sa miséricorde, en vue de leur salut ? Que mon âme vive dans l'appréhension de cette gloire, que je meure dans la foi, et que l'admiration présente de cette gloire fasse place à la jouissance éternelle de cette gloire dans sa beauté et sa plénitude3.
Certains d'entre nous constatent-ils que le déclin de la grâce prévaut en eux - la mort, la froideur, la tiédeur, une sorte de stupidité spirituelle et de manque de sens ? Constatons-nous un manque d'empressement à exercer la grâce en son temps et à la faire agir vigoureusement dans les devoirs de la communion avec Dieu ? Voulons-nous guérir de ces maladies dangereuses ? Assurons-nous qu'il n'y a pas de meilleur moyen pour notre guérison et notre délivrance - oui, aucun autre moyen que d'obtenir une vue fraîche de la gloire du Christ par la foi et d'y demeurer avec constance. La contemplation constante de Christ et de sa gloire, déployant son pouvoir de transformation pour le renouveau de toute grâce, est le seul soulagement dans ce cas, comme nous le montrerons plus loin4.
Musique
Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été offert en sacrifice et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation. 10Tu as fait d’eux des rois et des prêtres pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre.
Apocalypse 5.9-10
Lewis, C. S. The Screwtape Letters. New York: HarperCollins Publishers, 2010, p. 31.
Lenoir, Frédéric. Comment Jésus est devenu Dieu. Paris: Fayard, 2010, p. 12-13.
Owen, John. The Glory of Christ. Chicago: Moody Publishers, 2013, p. 118.
Ibid, p. 166