Bonjour chers lecteurs,
Vendredi, nous avons eu le plaisir d’accueillir un étudiant ukrainien chez nous pour discuter quelque questions d’apologétique. C’était vraiment encourageant de voir sa passion pour la vérité pendant une conversation qui touchait à l’âge de la terre, l’étendue du déluge, l’accomplissement des prophéties de Daniel et bien d’autres sujets. Puis, pour nous détendre, il a proposé une partie d’échecs. Là, malgré le fait qu’il avait perdu un fou tôt dans le match, il a continué avec ténacité jusqu’à ce que nous nous soyons mis d’accord sur un match nul.
Parfois, c’est un vrai plaisir d’être impliqué dans un ministère auprès des étudiants.
Bouddhisme
La Bible et la troisième “Noble Vérité”
Lire la partie 2 :
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Voici, moines, la Vérité Noble dite la cessation du dukkha. C’est la cessation complète de cette « soif », c’est la délaisser, y renoncer, s’en libérer, s’en débarrasser1.
La bonne nouvelle du Bouddhisme est la Troisième Vérité Noble : la possibilité de la fin de dukkha. Il est possible de mettre fin à sa soif, et ainsi mettre fin à l’expérience de dukkha. Cela permet aussi d’échapper au cycle de re-naissance pour passer à un état qui transcende l’existence ordinaire, état qui s’appelle nirvana.
La vision du monde biblique affirme, bien sûr, que la fin de dukkha est possible et que telle sera l’expérience de ceux qui sont unis à Christ. La façon que cette fin de dukkhaest comprise, par contre, est totalement différente. Alors que dans le bouddhisme la soif prend fin en étant « délaissée » et « renoncée », la promesse de la Bible est que cette soif sera satisfaite.
L’enseignement bouddhiste voit bien qu’il n’y a rien dans ce monde qui est capable de désaltérer la soif profonde du cœur humain ; alors, on enseigne que cette soif est elle-même le fruit de l’ignorance, et qu’elle peut être éteinte par l’éveil. C.S. Lewis par contre, argumente dans l’autre sens :
Le chrétien pour sa part raisonne ainsi : « La naissance ne nous a pas dotés de désirs dont la satisfaction soit impossible. Un bébé a faim : eh bien, la nourriture existe. Un caneton désire nager : eh bien, l’eau est là. Les hommes éprouvent le désir sexuel : eh bien, le sexe est là. Et si je découvre en moi un désir qu’aucune expérience au monde ne puisse satisfaire, l’explication plausible ne serait-elle pas que je suis fait pour un autre monde2 ? »
Lewis argumente que notre soif est là pour nous dire quelque chose dont nous avons besoin d’entendre. Comme la soif physique est une indication que le corps a besoin de l’eau, la soif spirituelle est une indication que notre âme a besoin de quelque chose. Ce n’est pas la soif elle-même qui est le problème, mais le manque qui la provoque.
En plus, la vision du monde biblique est plus cohérente au sujet de la fin de dukkha parce qu’elle décrit l’histoire comme linéaire et non pas circulaire. La conception bouddhiste de l’univers comme étant dans des cycles sans commencement ne colle pas naturellement avec l’idée de finalité dans le nirvana. La tension se voit dans la classification comme « question sans réponse » de celle de la fin de l’univers : « Cette question est laissée sans réponse en partie parce que ce n’est pas connu si cette série de mondes sans commencement aura un jour une fin, une fois que tous les êtres auront atteint le nirvana (A.V.194)3. » La Bible, par contre, présente le parcours de la création comme un récit avec un commencement et une fin, une fin heureuse en plus : la réconciliation parfaite et éternelle de Dieu avec la nouvelle humanité en union avec Jésus Christ.
Théosis
Il y a un parallèle entre les visions du monde bouddhiste et biblique dans la transformation de nature de ceux qui atteignent la fin de dukkha. Dans le bouddhisme, on parle de l’éveil ; la Bible annonce la glorification des saints. En plus, pour les deux visions du monde, cette transformation pour plusieurs est la conséquence de la transformation d’un seul.
L’éveil du Bouddha fait de lui un être hors pair dans l’univers bouddhiste. Il est plus puissant que Brahmā, le roi des dieux4, et ne trouve aucun plus haut que lui pour qu’il l’honore5. Et pourtant, le Bouddha était né un homme ordinaire. Il y a donc une estimation très haute de ce dont la nature humaine est capable. La Bible affirme cette vue élevée de l’humanité, d’abord dans le fait que les humains sont faits à l’image de Dieu, et ultimement dans l’Incarnation où la nature humaine est assumée par le Fils de Dieu.
Dans le bouddhisme, l’éveil du Bouddha n’entraine pas directement l’éveil d’autres personnes, mais parce qu’il a enseigné, la voie est tracée pour que les autres puissent le suivre pour atteindre le même état. Dans la Bible, la glorification de Christ lors de sa résurrection s’étend aux croyants parce qu’ils sont unis à lui spirituellement. L’apôtre Pierre va aussi loin pour dire que croyants deviennent « participants de la nature divine (2 P 1.4). »
En revanche, ces parallèles importants dans l’espérence eschatalogique, mettent en relief la différence profonde. Le bouddhiste ne cherche pas à atteindre l’éveil pour être en communion avec le Bouddha, mais pour échapper à dukkha. Le chrétien, par contre, veut aussi échapper à dukkha, mais en étant uni à Christ et réconcilié avec Dieu. La glorification des saints n’est pas autre chose que leur association étroite avec le Dieu glorieux.
Nirvana
Il y a aussi des chevauchements surprenants entre la description du nirvana dans le bouddhisme et les attributs de Dieu. Peter Harvey remarque :
Le nirvana est au-delà et en dehors du temps, il est donc en un sens éternel, comme Dieu. Les deux sont également la perfection et une sorte de source de bonheur véritable. Tous deux sont un au-delà, difficile à décrire avec des mots, que les hommes de ce monde peuvent atteindre d’une manière ou d’une autre. Le nirvanaest l’inconditionné qui peut être connu et expérimenté par les êtres conditionnés, et Dieu est un créateur qui peut être connu par les êtres créés. Alors que la méditation bouddhiste vise à faire l’expérience du nirvana, la contemplation chrétienne cherche à connaître Dieu6.
Le concept de nirvana témoigne de la conscience humaine que sa fin propre est le Dieu éternel. La différence est que le rejet formel de Dieu fait en sorte que le nirvana est seulement connu par ce qu’il n’est pas. Selon le Bouddha : « Il est difficile de voir cet état, à savoir l’arrêt de toutes les activités volitives, l’abandon de toutes les acquisitions, la destruction de l’envie, le non-attachement, l’arrêt, le nirvana. (M.I.167)7. » Comme le nirvana est l’extinction de soif et non pas sa satisfaction, il n’y a pas de bonne chose positive à dire sur son sujet. Le nirvana n’est pas un état de joie, mais plutôt un état qui transcende la joie. Il ne répond pas aux désirs du cœur ; il les fait cesser.
La Bible, en revanche, offre une vision positive de la cessation de dukkha. Il y a bien des cessations : « La mort ne sera plus et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui existait avant a disparu, » mais ces cessations sont la conséquence d’une réalité positive : « Voici le tabernacle de Dieu parmi les hommes ! Il habitera avec eux, ils seront son peuple et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux (Ap 21.3-4). » C’est dans cette présence intime et tangible de Dieu que les saints expérimenteront et refléteront la gloire de Dieu. C’est ainsi que la doctrine de la glorification incorpore et dépasse la doctrine de la fin de dukkha.
Les fusées
Astuce de l’aéronautique : Bien que cette technique soit efficace pour plusieurs véhicules pour réduire le freinage atmosphérique, il ne faut jamais tenter d’améliorer la performance d’une fusée par l’aspiration.
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Comme une biche soupire après des cours d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu ! Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand donc pourrai-je me présenter devant Dieu?
Psaume 42.2-3
Môhan Wijayaratna, trad., « Dhammacakkappavattana sutta (SN 56.11) », https://www.dhammadelaforet.org/sommaire/sutta_tipaka/txt/dhammacakkappavattana_mw.html.
C. S. Lewis, Voilà pourquoi je suis chrétien, Guelwiller, Ligue pour la lecture de la Bible, 1979, p. 143.
Peter Harvey, Buddhism and Monotheism, Cambridge Elements: Religion and Monotheism, Cambridge, Cambridge University Press, 2019, p. 53. « This question is left unanswered partly as it is an open question if this beginningless world series will ever have an end, once all beings attain Nirvana. »
Ibid., p. 27.
Ibid., p. 31.
Ibid., p. 37. « Nirvana is beyond and outside time, so in a sense is eternal, like God. Both are also perfection, and a kind of source of true happiness. Both are a Beyond, difficult to describe in words, which can somehow be reached by people in this world. Nirvana is the unconditioned that can come to be known and experienced by conditioned beings, and God is a creator that can be known by created beings. While Buddhist meditation aims to experience Nirvana, Christian contemplation seeks to know God. »
Ibid., p. 31. « And it is hard to see this state, namely, the stilling of all volitional activities, the relinquishing of all acquisitions, the destruction of craving, non-attachment, stopping, Nirvana. »