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« Faith is believing what you know ain't so. » Ainsi la définition donnée par un personnage de Mark Twain. Cela est bien une façon de comprendre la relation entre la foi et la raison : la raison donne les savoirs et la foi les ignore. C’est sûr que certains athées voient les choses précisément de cette manière, mais est-ce la meilleure option ? N’y a-t-il pas une autre manière de formuler l’articulation entre les deux, une manière plus respectueuse de la foi qui donne à chaque faculté sa juste valeur ? C’est Dieu qui est l’auteur et de la raison, et de la foi, et il nous donne toutes les deux pour que nous en profitions. Normalement les deux doivent être compatibles, et c’est bien le cas. Dans cette séries d’articles, nous verrons tour à tour :
L’entrecroisement de la foi et la raison
Foi et raison : la portée pour la théologie
L’entrecroisement de la foi et la raison
Il faut admettre donc qu’aucune formule simpliste n’expliquera la relation entre la raison et la foi. Comme nous avons vu, toutes les deux sont rationnelles, et toutes les deux sont nécessaires. Mais où est la frontière entre les deux ? Considérons quelques exemples :
Comment sais-je que la terre est ronde ? Ordinairement on dirait que c’est par la raison. C’est un fait découvert par la science humaine, et j’ai vu moi-même des photographies de la terre prises par des astronautes. Toutefois, ce n’est pas par la raison que j’ai formé cette croyance, mais par la foi. Depuis mon enfance, tout le monde autour de moi m’a enseigné que la terre est ronde, et j’ai cru leur témoignage. Et même si je considère que maintenant j’y arrive indépendamment grâce aux photographies, dans ce raisonnement il y a toujours un élément de foi parce que je suis obligé de faire confiance à des personnes qui les ont prises.
Ou bien, comment sais-je que la somme des angles d’un triangle est 180 ? Ce cas semble être idéal pour trouver une croyance de la raison pure sans aucun élément de foi. Il y a une preuve mathématique de ce fait dont j’ai vérifié moi-même la logique. Alors je suis convaincu par ma propre raison de cette vérité mathématique. Et pourtant, même cette croyance n’échappe pas au besoin de confiance. Faire confiance à mes propres facultés de perception, de raison et de mémoire, c’est toujours faire confiance. Je présuppose que ma raison correspond à ce qui est véritablement raisonnable, mais je ne peux pas le prouver. Et faire confiance à mes propres facultés de cette manière n’est pas dissemblable de la façon dont je fais confiance aux autres personnes dans l’exercice de la foi.
Tout comme il y a toujours un élément de foi en ce que nous croyons par la raison, la raison est aussi toujours impliquée en ce que nous croyons par la foi. Par exemple si j’écris ici que je suis né en Indiana, et si vous le croyez, vous le croyez par la foi, sur mon témoignage. Vous n’avez pas, à priori, aucune preuve supplémentaire par laquelle vous pouvez confirmer cette croyance par la raison. Même ici la raison n’est pas absente, parce que vous en avez besoin même pour comprendre l’affirmation que je fais. C’est par la raison que nous appliquons les règles de grammaire pour saisir le sens porté par une série de mots comme, « Je suis né en Indiana. »
La même chose est vraie pour la foi par laquelle nous croyons l’évangile. Le message nous est communiqué par des mots dans une langue humaine que nous comprenons par notre faculté de raison. Et une fois que nous avons saisi le sens des mots, nous avons toujours besoin de la raison pour comprendre la logique du message. Par exemple, Romains 3.23 me dit que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » Cette affirmation me profite peu si je n’utilise pas la raison pour compléter le syllogisme : « Je fais partie de “tous” » et donc « j’ai péché et je suis privé de la gloire de Dieu. »
Les arguments rationnels occupent une place très importante dans la communication de l’évangile. Tout au long du livre d’Actes, Paul est présenté en train de « raisonner » avec des gens pour les persuader de la vérité de son message
. Bien sûr, il sait que la foi est un don de Dieu sans lequel aucun raisonnement ne peut convaincre. Mais il comprend aussi que la foi ne vainc pas la raison, mais la guérit. Alors il décrit son activité apologétique avec ces mots : « Nous renversons les raisonnements et tout obstacle qui s’élève avec orgueil contre la connaissance de Dieu, et nous faisons toute pensée prisonnière pour qu’elle obéisse à Christ » (2 Co 10.5). Comme nous avons vu avec les exemples précédents, la foi et la raison collaborent et s’entrecroisent au point où la frontière entre les deux n’est pas toujours claire.M. Twain, Following the Equator: A Journey Around the World, Harper & Bros, 1899, p.132. « La foi, c’est de croire ce que tu sais n’est pas vrai. »
διαλεγομαι : Ac 17.2, 17.17, 18.4, 18.19, 19.9, 24.25.