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« Faith is believing what you know ain't so. » Ainsi la définition donnée par un personnage de Mark Twain. Cela est bien une façon de comprendre la relation entre la foi et la raison : la raison donne les savoirs et la foi les ignore. C’est sûr que certains athées voient les choses précisément de cette manière, mais est-ce la meilleure option ? N’y a-t-il pas une autre manière de formuler l’articulation entre les deux, une manière plus respectueuse de la foi qui donne à chaque faculté sa juste valeur ? C’est Dieu qui est l’auteur et de la raison, et de la foi, et il nous donne toutes les deux pour que nous en profitions. Normalement les deux doivent être compatibles, et c’est bien le cas. Dans cette séries d’articles, nous verrons tour à tour :
Foi et raison : la portée pour la théologie
Conclusion
En fin de compte, la raison et la foi sont compatibles, distinctes, et entrecroisées.
La foi et la raison sont compatibles en ce que normalement elles ne se contredisent pas. Toute contradiction apparente est une erreur de la part de l’homme. Soit sa raison a tort, soit il n’a pas compris correctement la révélation de Dieu (aussi faute de sa raison). Mais dans l’absence de défaillance, les deux ne se contredisent pas ; au contraire, elles se renforcent, chacune ajoutant son poids à la même vérité.
Tout en étant harmonieuses, la foi et la raison restent distinctes ; chacune a son rôle. La foi est unique et nécessaire parce que Dieu nous enseigne des choses que nous ne pouvons pas découvrir par nos propres moyens, mais seulement en lui faisant confiance. Et la raison s’impose, elle aussi, parce que la parole de Dieu n’enseigne pas tout ce qui est utile ou même nécessaire à savoir.
Troisièmement, les deux facultés travaillent ensemble, en étroite collaboration. Nous disons que nous savons ceci par la foi et cela par la raison, ce qui est globalement correct, mais en tout rigueur il y a un élément de raison et un élément de foi en tout ce que nous croyons. Aucune d’elles ne peut se passer de l’autre.
La portée pour la théologie
Cette articulation entre la foi et la raison a trois conséquences pour la pratique de la théologie. La première est que la foi salvifique est le préalable à toute théologie chrétienne. Bien qu’il soit possible à un non-croyant de faire bon usage de sa raison pour discerner plein de choses vraies sur Dieu, l’affirmation de Paul reste absolue : « à travers cette sagesse le monde n’a pas connu Dieu » (1 Co 1.21). Selon Jésus, connaître le Père et le Fils est la vie éternelle (Jn 17.5), est cette vie est acquise seulement par la foi salvifique (Jn 3.16). C’est pour cette raison qu’Augustin avait tout à fait raison de dire « croyez d’abord pour comprendre
. »La deuxième conséquence est que la raison a sa place dans la théologie. Comme la foi et la raison sont normalement harmonieuses et finalement inséparables, il n’y a aucune justification d’exclure la raison de la théologie. Même les auteurs bibliques utilisent des arguments raisonnés, et sans l’application de la raison, leur message reste obscur. De plus, il est approprié et nécessaire même d’utiliser la raison pour coordonner les divers passages de l’Écriture pour formuler une théologie cohérente, fondée sur le tout. Paul dit à Timothée : « Réfléchis bien à ce que je te dis et le Seigneur te donnera de comprendre toutes ces choses » (2 Tim 2.7). Comme Timothée, nous ne pouvons pas aspirer à la compréhension sans réflexion théologique.
Finalement, alors que la raison est nécessaire pour la théologie, nous devons toujours garder à l’esprit ses limites. La révélation de Dieu est parfaite et infaillible, mais nos raisonnements ne le sont pas. Bien que guérie en principe par la foi, notre raison est toujours sujette à des erreurs plus ou moins dues à notre péché. Il faut cultiver l’humilité donc, et mesurer notre attachement à des doctrines selon leur proximité au texte. Plus on s’éloigne de ce qui est dit directement dans l’Écriture, plus on risque d’introduire des faussetés.
Alors nous étudions et nous réfléchissons aussi bien que nous le pouvons, tout en faisant confiance à Dieu de nous mener dans la vérité pour sa gloire. « Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, de manière peu claire, mais alors nous verrons face à face » (1 Co 13.12). Un jour Dieu parfera notre foi et notre raison, et ce jour-là nous aurons la joie indicible de le voir tel qu’il est (1 Jn 3.2).
M. Twain, Following the Equator: A Journey Around the World, Harper & Bros, 1899, p.132. « La foi, c’est de croire ce que tu sais n’est pas vrai. »
Augustin, « Sermon XLIII » dans Œuvres complètes de Saint Augustin Évêque d’Hippone, Tome 16, trad. Péronne, Écalle, Vincent, Charpentier, H. Barreau ; Paris, Libraire de Louis Vivès, 1871, p. 231.